4 janvier 1880 : les monologues de Brahms
Rêveuses, douloureuses, emportées, voire mélancoliques, les huit pièces de Brahms pour piano seul sont de véritables monologues intérieurs. La première, dédiée à Clara Schumann, est d’une ineffable tristesse… et beauté.
C’est le rude (et contestable) critique Eduard Hanslick, brahmsien au dernier degré, qui appelait les huit ‘‘klavierstücke’’ de Brahms des « monologues ».
Johannes Brahms avait écrit ces huit pièces entre 1871 (pour la première) et l’été 1878 : cinq capricci et trois intermezzi qui s’entrecroisent et s’intercalent, avec des caractéristiques différentes. Ce sont les premières pièces pour piano seul du compositeur hambourgeois après ses fameuses danses hongroises de 1868.
Si ces pièces sont bien des monologues intérieurs, alors on peut dire que Brahms n’est pas toujours dans un moral de feu lorsqu’il les écrit. La première, en particulier, est un capriccio et constitue la plus ancienne des huit, composée en 1871 et offerte à Clara Schumann, grand amie et surtout grand amour transi de Brahms (amour jamais rendu en retour). Il la lui offre le jour de son cinquante-troisième anniversaire. Imaginez un peu le cadeau : ce capriccio est en mode mineur, très douloureux, dans lequel Clara voit un grand cimetière sous la lune, en hiver… Champagne !
Les autres pièces sont nettement plus souriantes, sans être gaies (Brahms n’est jamais gai). Rêveuses, emportées, mélancoliques même, elles n’ont pas l’ineffable tristesse de la première. La dernière, capriccio également, fait d’ailleurs oublier l’atmosphère de la première avec une forme d’optimisme qui fait du bien.
C’est pourtant la lourde et triste première pièce que j’ai choisie pour illustrer ce petit post. Non pas parce que je veux vous plomber la journée, mais juste parce que ce capriccio est vraiment trop beau. Surtout avec Ivo Pogorelich.
À chaque jour son instant classique !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »