4 avril 1875 : Bedřich Smetana au fil de l’eau…
Instant classique – 4 avril 1875… 143 années jour pour jour. Le grand cycle symphonique Ma Patrie de Bedřich Smetana est divisé en six œuvres à la fois distinctes et complémentaires, les unes parlant de grands faits ou lieux historiques tchèques, les autres décrivant les paysages nationaux.
Bedřich Smetana débute le cycle en 1874, à 50 ans, et écrit le second et le plus célèbre des six extraits en 1874, en quelques semaines. Il s’agit d’une évocation de la Vltava, ou Moldau en allemand, affluent de l’Elbe qui traverse Prague et qui est comme un Rhin tchèque.
Difficile de ne pas entendre le galop délicat des flots qui traversent le pays, s’arrêtant çà et là sur des danses populaires, butant sur des rapides, évoquant les êtres magiques des profondeurs aquatiques. Et puis vient Prague, pour l’évocation de laquelle Bedřich Smetana cite maestoso le thème de « Vysehrad », premier des poèmes symphoniques du cycle, qui décrit une forteresse qui dominait la ville.
Une occasion aussi de rendre hommage à l’immense chef d’orchestre Nikolaus Harnoncourt, disparu en 2016, et qui, bien que pape du baroque, était venu ces vingt dernières années dans le grand répertoire romantique (il a laissé par exemple d’excellents Anton Bruckner), filmé ici avec l’Orchestre de chambre d’Europe au festival de Graz il y a quelques années.
Il prend les flots bien trop lentement, sans doute, mais ses grands yeux exorbités couvent les musiciens avec une grande économie de gestes (il était déjà assez âgé) et comme toujours à mains nues, jusqu’à ce que la rivière se perde doucement à l’horizon.
À chaque jour son instant classique !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »
Photographie de Une – Fleuve de l’Elbe