31 août 1870 : que de notes… que de notes !
Instant classique – 31 août 1870… 150 ans jour pour jour. C’est une œuvre bien étrange que je vous propose aujourd’hui. Je vous ai déjà parlé de Hans Christian Lumbye, le « Strauss du Nord », grand compositeur danois — aux côtés de Niels Gade dont il est le contemporain et en attendant le plus grand de tous, Carl Nielsen, né en 1865.
Lumbye présentait ses œuvres nouvelles chaque été dans les jardins de Tivoli (ceux de Copenhague, pas ceux à côté de Rome !), et voici qu’en 1870, en pleine guerre franco-prussienne, il crée une nouvelle marche, la marche Mac-Mahon.
Les Danois avaient été battus par les Prussiens dans le conflit autour du Schlewig-Holstein en 1864, la fameuse guerre des Duchés. Ils étaient un brin agacés, nos amis danois. C’est pourquoi leurs espoirs d’une vengeance par procuration renaissent lorsque la France et la Prusse s’écharpent six ans plus tard.
Le même jour que les terribles combats de Bazeilles, voici tout juste cent quarante-neuf ans, Lumbye exécute dans le parc de Tivoli un concert en faveur des blessés français et de leur famille ; il compose pour l’occasion une marche pour le maréchal Patrice de Mac-Mahon, blessé à Sedan avant le désastre ultime et qui n’avait malheureusement pas beaucoup brillé pendant la campagne. Oui, oui, le même Mac-Mahon qui sera quelques temps plus tard le premier président de la toute neuve IIIe république, monarchiste qui convenait à peu près aux républicains et qui avait été placé là le temps qu’on sache si le comte de Chambord se déciderait à devenir roi de France. On connaît la suite. Le même Mac-Mahon qui, en 1873, s’écriera en se promenant en barque au milieu d’une grande crue de la Seine « que d’eau, que d’eau ! » pour tout commentaire. Ah c’est qu’il n’y avait pas twitter, eh ! Le même qui se démettra plutôt que se soumettre quelques années plus tard.
Hans Christian Lumbye lui consacre une marche fort alerte et pas franchement martiale. Pas étonnant qu’on ait perdu avec ça !