30 juillet 1873 : le lumineux concerto pour piano de Joachim Raff
30 juillet 1873… 148 ans jour pour jour – Raff compose un unique concerto pour piano, son œuvre la plus populaire durant sa vie. Un bijou malheureusement tout à fait oublié et dont on peut admirer la clarté d’écriture, l’inspiration à la fois lyrique et virtuose.
Joseph Joachim Raff n’a fait qu’un seul concerto pour piano. Il était à bonne école puisque je vous rappelle qu’il avait été le secrétaire particulier de Liszt, l’idole de sa jeunesse, pendant plusieurs années. Bien après avoir quitté son service et alors que Raff est au sommet de sa propre production, il écrit donc ce concerto durant le printemps 1873.
Ce sera son œuvre la plus populaire durant sa vie – qui s’achèvera prématurément en 1882, à soixante ans – et lorsqu’on l’écoute, on n’a pas de peine à le croire. C’est un bijou malheureusement tout à fait oublié et dont on peut admirer la clarté d’écriture, l’inspiration à la fois lyrique et virtuose, qui est d’ailleurs dédié au grand chef d’orchestre – et pianiste de premier ordre – Hans von Bülow, son autre ami de toute une vie. C’est ce dernier qui le crée au Kurhaus de Wiesbaden, la ville d’adoption de Raff, ce 30 juillet 1873. C’est Raff qui dirige et les grands de l’époque ne vont pas tarder à s’emparer de la partition à peine celle-ci publiée l’année suivante.
Le pianiste (encore vivant) Frank Cooper en dit ceci : « Le concerto de Raff est une œuvre très agréable à jouer. Ses octaves héroïques, ses arpèges tourbillonnants, ses brillants unissons et son jeu perlé en filigrane, portent l’art du piano à un haut niveau, sans chercher des effets ou pousser le soliste à des longueurs inintelligibles. Son orchestration heureuse explique pourquoi Raff était si admiré pour sa science de l’instrumentation. Tout sonne. Dans les moments massifs, la texture est miraculeusement pleine sans être épaisse. L’écriture pianistique semble merveilleusement idiomatique, un mélange de styles plein de goût, destinés tantôt à des solistes, tantôt concertants, au service d’une expressivité d’une grande finesse. »
Le voici justement, Frank Cooper, accompagné de l’orchestre symphonique de Nuremberg, hélas bien modeste ici. D’autres enregistrements, plus courts en raison de coupures, mettent davantage l’orchestre en valeur. Si vous trouvez cela trop long, je vous recommande en particulier le délicieux mouvement lent. Mais le concerto s’écoute fort bien d’une traite si le cœur vous en dit.