30 avril 1855 : un “Te Deum” de Berlioz, mais pour quoi faire ?
Instant classique – 30 avril 1855… 164 ans jour pour jour. Hector Berlioz avait le dessein de réitérer le grand succès du Requiem, en tournant sa nouvelle œuvre, même basée sur les 29 versets habituels, vers les grandes cérémonies politiques.
Il pense d’abord à écrire un « Retour de l’armée d’Italie » et à une « Fête musicale funèbre (sic) à la mémoire des hommes illustres de la France ». Il réalise finalement un Te Deum qu’il achève en 1849 et dédie au prince Albert, l’époux de Victoria.
En 1852, favorable au nouveau régime impérial, il forme l’espoir que son œuvre pourrait servir au couronnement de Napoléon III, mais comme souvent dans sa vie, il loupe le coche. Nouvelle tentative pour le mariage de l’empereur avec Eugénie de Montijo l’année suivante. Nouvel échec. C’est l’Exposition universelle de 1855 qui permettra enfin la création de cette œuvre monumentale, toute berliozienne : deux cents choristes, six cents enfants, près de cent cinquante musiciens.
L’exécution à l’église Saint-Eustache ravit Berlioz : « C’est colossal, babylonien, ninivite ! Pas une faute, pas une indécision », écrit-il avec son habituelle frénésie à Liszt. « Oui, le Requiem a un frère », dit-il aussi.
En voici la dernière partie, « Judex Crederis », hymne et prière, parfois suivie d’une ostentatoire « marche pour la présentation des drapeaux », hymne pour le drapeau tricolore assez martial, avec force tambours, vents et (douze) harpes, dont je vous faire grâce.
Claudio Abbado a enregistré en public à Paris une version de ce Te Deum très particulier qui fait référence il y a plus de trente-cinq ans.