30 avril 1798 : Et Dieu créa Haydn
Instant classique – 30 avril 1798… 222 ans jour pour jour. Parmi les grands oratorios de l’histoire de la musique, La Création (Die Schöpfung) de Joseph Haydn occupe une place de tout premier plan. Un peu comme le Messie de Haendel.
C’est précisément après avoir entendu ce dernier à Londres au début des années 1790 que Joseph Haydn se promet d’écrire un ouvrage de la même veine et qui n’aurait rien à envier à la grandeur de son modèle. Il met la main sur un livret qui avait été destiné à Haendel quelques cinquante ans auparavant et le fait adapter en allemand à son retour en Autriche par Gottfried van Swieten, aristocrate très en vue. Le livret procède tout autant de la Bible que du Paradis perdu, le poème de John Milton.
Haydn se met au travail avec une détermination et un acharnement qui n’ont d’égal que sa soif de réussite et de postérité pour son œuvre : « J’y mets le temps parce que je veux qu’il dure. » Deux ans de travail incessant plus tard, son oratorio de près de deux heures est donné en privé chez le prince Schwartzenberg à Vienne, voici tout juste cent vingt-deux ans aujourd’hui.
La première publique ne viendra que onze mois plus tard, dans une atmosphère indescriptible, les gens étant prêts à en venir aux mains pour avoir une place. Le triomphe de ce chef-d’œuvre ne devait plus cesser et rien ne l’arrêterait, pas même le fameux attentat (manqué) de la rue Saint-Nicaise contre Bonaparte à Paris, le 24 décembre 1800 : le Premier Consul allait précisément assister à la première parisienne de l’œuvre.
En trois parties grandioses, la partition est résolument tournée vers le siècle qui s’ouvre. L’orchestre occupe une place prépondérante et le chœur est le premier personnage de cette immense fresque, dont Herbert von Karajan a gravé à la fin des années soixante une version de premier ordre, d’abord grâce à une distribution de rêve.
Voici un extrait de la troisième partie, qui permet de donner un aperçu de l’ensemble : les trois solistes, le chœur et l’orchestre. So wunderbar !