3 novembre 1888 : le rêve oriental de Rimsky-Korsakov
Instant classique – 3 novembre 1888… 130 années jour pour jour. Durant l’hiver 1888, Nikolaï Rimsky-Korsakov, qui a alors tout juste 44 ans, commence à composer ce qui deviendra son œuvre la plus célèbre de par le monde.
Il s’inspire pour cela de plusieurs tableaux des Mille et une nuits et en retient quatre, qui ont pour figure centrale la belle Shéhérazade, dont le motif dessiné au violon est partout reconnaissable dans la suite symphonique. Mais le compositeur ne voulait pas du tout donner les sous-titres qui perdurent encore aujourd’hui :
1. La mer et le bateau de Sindbad ;
2. Le récit du prince Kalender ;
3. Le jeune prince et la princesse ;
4. La fête à Bagdad – La mer – Naufrage sur les rochers.
Pour Rimsky-Korsakov, il ne fallait pas chercher un programme précis dans son œuvre. Il rappelle simplement dans la notice annexée à la partition le résumé (!) des Mille et une nuits, à savoir que le sultan Shahriar (dont on entend le terrible motif aux cuivres dès l’ouverture du 1er mouvement) est si persuadé de l’infidélité des femmes qu’il fait exécuter chacune de ses épouses après la première nuit. La nouvelle sultane Sheherazade fait reporter la sienne en lui racontant, pendant mille et une nuits, des histoires merveilleuses qui le captivent, excitent sa curiosité (et parfois d’ailleurs, l’excitent tout court) et lui font finalement renoncer à l’exécution.
Orchestrateur génial, Nikolaï Rimsky-Korsakov dessine une myriade de motifs qui évoquent irrésistiblement l’Orient, les vagues, la délicatesse et la sensualité de Shéhérazade, l’amour, la guerre, la tempête, etc.
J’ai choisi le troisième mouvement, le plus doux (le compositeur l’avait d’ailleurs simplement noté “Adagio”) mais aussi le plus lyrique et pour tout dire le plus raffiné, dans une interprétation d’une rare présence, sous la direction de l’expert Ievgueni Svetlanov, sans les lourdeurs dont il était également capable.