3 juin 1896 : Antonín Dvořák le fantastique conteur fantastique
Instant classique – 3 juin 1896… 122 années jour pour jour. À son retour des États-Unis, Antonín Dvořák compose une série de cinq poèmes symphoniques, qui seront créés entre 1896 et 1898. Les trois premiers sont ainsi présentés lors d’un concert à Prague ce 3 juin 1896, sous la direction de Bennewitz, et remportent un grand succès.
Il sont tous tirés de chants fantastiques du poète tchèque Karl Erben, qui était mort quelques années auparavant. Lors de concert on entend donc « L’Ondin », « le Rouet d’or » et la « Sorcière de midi ». Ces trois poèmes symphoniques, qui comptent parmi les chefs-d’œuvre d’Antonín Dvořák, racontent tous une histoire de conte de fées… ou plutôt de contes noirs, maléfiques.
Ainsi, le premier d’entre eux, « l’Ondin », ou esprit des eaux, peint un personnage démoniaque bien éloigné du bienveillant père de Rusalka ! Ici, une jeune fille lave son linge au bord du lac, malgré les avertissements de sa mère qui la met en garde contre le redoutable esprit qui hante les eaux. Ce qui doit arriver arrive, la jeune fille est happée par l’Ondin, qui l’entraîne au fond de l’eau, l’épouse et la viole. Un enfant naît de cette union forcée et la jeune femme lui chante une berceuse triste. Elle supplie l’Ondin de l’autoriser à aller voir sa mère ; le méchant génie le lui permet, pour une journée seulement. Les retrouvailles sont déchirantes tant la mère et la fille sont malheureuses. Mais d’un coup, l’Ondin vient chercher sa femme et frappe violemment à la porte. La mère de cette dernière le chasse. Alors le génie maléfique déclenche une énorme tempête (vous ne pourrez pas la louper si vous écoutez le poème symphonique) et, pour se venger de l’affront, dépose devant la porte le corps décapité de l’enfant.
C’est cette terrible histoire que la musique d’Antonín Dvořák raconte pas à pas, avec une puissance évocatrice et un sens mélodique incomparables.