3 décembre 1888 : Nikolaï Rimsky-Korsakov fête Pâque avant Noël
Instant classique – 3 décembre 1888… 130 années jour pour jour. En 1887-1888, Nikolaï Rimsky-Korsakov est particulièrement prolifique en matière de partitions pour orchestre. Il compose en effet coup sur coup ses trois œuvres les plus célèbres : le Capriccio espagnol, Sheherazade et cette ouverture sur des thèmes liturgiques, la Grande Pâque russe.
Davantage que le côté religieux, qui l’aurait plutôt conduit à composer pour un chœur a capella dans le contexte russe, le compositeur préfère exalter la fête et les origines païennes de cette dernière, tout en s’appuyant sur ses étapes religieuses.
Si souvent nous n’avons pas beaucoup d’indications sur ce qu’ont voulu faire les auteurs d’une partition, ce n’est pas le cas avec Rimsky-Korsakov, qui a laissé des éléments très précis dans ses mémoires, Chroniques de ma vie musicale : « L’assez longue et lente introduction […] sur le thème « Dieu ressuscitera » évoquait pour moi la prophétie d’Isaïe sur la résurrection du Christ. […] Les sombres couleurs de l’andante lugubre semblent représenter le Saint Sépulcre s’illuminant au moment de la résurrection, au passage à l’Allegro de l’ouverture. Le commencement de l’Allegro […] est bien en harmonie avec la joie qui caractérise la cérémonie orthodoxe: la trompette solennelle de l’Archange alterne avec le son joyeux et presque dansant des cloches. »
C’est Rimsky-Korsakov qui dirige la création de cette ouverture solennelle à Saint-Pétersbourg le 3 décembre 1888 (je ne sais plus si c’est le calendrier julien ou grégorien, mais on va faire comme si).
En voici une interprétation dirigée par Igor Markevitch, chef ukrainien naturalisé italien puis français, ici à la tête d’un orchestre bien français – l’orchestre Lamoureux – à la salle Pleyel. Je l’ai choisie parmi les innombrables versions car il n’alourdit pas le propos comme le font tant d’autres.