3 décembre 1820 : Maometto II vu par Rossini
Nous fêtons aujourd’hui les 201 ans du Maometto II de Rossini, un opéra que le compositeur travaille longuement, le considérant comme l’un de ses plus ambitieux.
Deux ans jour pour jour après le triomphe de Ricciardo e Zoraideau San Carlo de Naples, dont il est le directeur musical depuis 1815, Gioachino Rossini présente dans son théâtre un nouveau « dramma per musica » en deux actes, Maometto Secondo. À vingt-huit ans et déjà trente opéras à son actif, il est fatigué de la surproduction que lui impose un rythme de commandes effréné. Alors, cette fois, il prend son temps. Du moins un peu plus. Aucun nouvel opéra n’est créé entre décembre 1819 et décembre 1820, contre quatre pour la seule année 1819. Rossini ne fait que superviser quelques reprises ou met en scène des œuvres de ses confrères, dont Spontini.
C’est en mai 1820 que le grand patron du théâtre, l’omniprésent et omnipotent impresario Domenico Barbaja, lui demande d’écrire un opéra inédit pour Naples. Le livret n’est pas difficile à trouver, puisque son auteur, Cesare della Valle, duc de Ventignano, le tire directement d’une pièce qu’il vient de créer, Anna Erizo. L’action se situe donc au moment de la guerre entre Venise et la Sublime Porte, qui aboutit à la chute d’Eubée, en 1470.
Rossini pense dès le mois de mai à composer son opéra essentiellement pour deux stars de l’époque : son ami, la basse Filippo Galli, créateur, notamment, du Mustafà de l’Italienne à Algersept ans plus tôt ; et bien sûr Isabella Colbran, muse du cygne de Pesaro, et qui sera bientôt sa première femme.
De violents troubles politiques qui secouent le royaume des Deux-Siciles retardent la préparation de l’opéra mais cela permet à Rossini de soigner sa partition, qu’il considère comme l’une de ses plus ambitieuses. Malheureusement, il y a tout juste deux siècles aujourd’hui, le public napolitain reste de marbre. Rossini revisitera d’abord pour Venise en 1823, où il changera la fin de manière à faire triompher la Sérénissime en réutilisant le finale de la Donna del lago ; puis pour Paris 1826, où elle deviendra – et pour longtemps – Le siège de Corinthe.
En 1985, Claudio Scimone restitue la partition originale lors du Festival de Pesaro et compte pour cela sur deux autres stars de l’époque : June Anderson en Anna et bien sûr le grand Maometto II de notre temps, Samuel Ramey, que voici ici dans son air de bravoure, « Sorgete ! ».
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