29 novembre 1925 : Prokofiev presse trois vieilles oranges
L’amour des trois oranges… Tel est l’étrange nom de cet opéra composé par Prokofiev à partir d’une œuvre totalement loufoque écrite par le dramaturge vénitien Carlo Gozzi. Il en tire une suite admirable de timbres et d’atmosphères. La preuve en musique !
L’amour des trois oranges, c’est avant tout bien sûr un opéra, trop rare sur les scènes lyriques ces dernières années – en tout cas en France, il me semble – et dont il faut rappeler qu’il a été créé à Chicago, en français, en 1921, avec un grand succès public, lequel ne se renouvellera pas partout ensuite.
Œuvre totalement loufoque tirée d’une pièce du dramaturge vénitien Carlo Gozzi, elle donne lieu à de nombreuses occasions, pour la musique de Sergueï Prokofiev, de démontrer l’étendue de ses talents. Et on sait que ce génie n’en manquait certes pas. Comme souvent avec les ballets, Prokofiev tire quelques années plus tard une suite pour orchestre des principaux thèmes de l’opéra. Cette suite est créée voici quatre-vingt-quinze ans à Paris.
En six pièces, elle parcourt tout l’opéra. On y trouve :
1/ les Ridicules, très agité et grotesque ;
2/ la scène infernale du premier acte, lorsque Tchelio le magicien joue aux cartes avec la très vilaine fée Morgana, avec autour d’eux de petits diablotins qui dansent ;
3/ la fameuse, célébrissime, inépuisable, marche, l’un des morceaux les plus connus de toute l’œuvre de Prokofiev – dans l’opéra c’est un intermède, durant lequel on porte en grand équipage le prince malade (il a peur de tout et ne rit jamais) assister à des divertissements censés le guérir ;
4/ un scherzo qui illustre le départ du prince, qui va à la recherche des trois oranges sur l’ordre de la fée Morgana ;
5/ le merveilleux adagio qui unit le prince avec l’élue de son cœur, la princesse Ninette, l’une des trois oranges ayant repris forme humaine, l’un des seuls thèmes véritablement lyriques de l’opéra ;
6/ et enfin, le dernier mouvement, la fuite : celles des Méchants qui vont vite se cacher de honte sous la terre (car c’est un opéra burlesque qui finit bien).
Cette suite dure quinze minutes, admirables de timbres et d’atmosphères. Elle est d’ailleurs assez souvent jouée en concert. C’est précisément un concert que j’ai choisi, qui célébrait les cinquante ans de la création de la suite, sous la direction de Rudolf Kempe avec le BBCSO.
Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »