29 novembre 1813 : le sourire de Schubert
Instant classique – 29 novembre 1813… 206 ans jour pour jour. Durant la Première Guerre mondiale, comme on sait, l’heure n’était pas à la franche rigolade, ni à la fraternité entre les peuples. Il y avait donc assez peu de motifs de réjouissances.
C’est pourtant dans la noirceur de ces temps de boucherie qu’on retrouve à Vienne la partition manuscrite d’un quatuor de Franz Schubert, composé en novembre 1813. On croyait volontiers que la partition était très postérieure, tant la maîtrise du jeune Schubert (seize ans) y est parfaite. On lui donne alors le n°10, alors qu’il n ‘est que le septième composé, mais c’est un détail.
Ce quatuor n’était pas tout à fait perdu puisque Czerny l’avait publié peu de temps après la mort de Schubert, sous un même numéro d’opus avec un autre quatuor de trois ans postérieur.
Pour une fois, notre adolescent n’est pas traversé dans cette œuvre par les frissons mortifères de la mélancolie. L’œuvre est baignée d’une lumière tranquille et même d’une grande sérénité. N’est-ce pas parce que son père l’a autorisé à quitter le Konvikt, cette sorte de conservatoire, auquel il est très fidèle, mais qui l’étouffe un peu ? On n’en sait rien, mais le jeune homme déploie dans ces pages un savoir-faire typique de son art et qu’il ne cessera de faire évoluer vers le firmament créatif.
Le finale est particulièrement dansant et séduisant, propre à plaire au professeur privé de Schubert… un certain Salieri. En voici la belle interprétation du Quatuor Amadeus, qui a tout de même plus de soixante ans.