29 décembre 1812 : Juste à temps
La 10e sonate pour violon et piano de Beethoven est écrit pour un violoniste virtuose français, Pierre Rode. Mais le compositeur veut d’abord entendre l’interprète avant de clore sa partition, ce qui advient… deux jours seulement avant la création.
C’est à l’occasion du passage à Vienne du violoniste virtuose français Jacques-Pierre-Joseph Rode que Ludwig van Beethoven compose sa dixième sonate pour violon et piano – Compose ou peut-être reprend un travail déjà entamé auparavant, on ne sait pas bien. Dédicataire, une fois encore, de la partition, il est possible que ce soit l’archiduc Rodolphe, son protecteur et élève, qui lui demande de l’écrire, puisque Beethoven l’en remercie en lui écrivant la lettre qui accompagne la dédicace.
Ne connaissant pas Rode, qui représente un style issu de l’école créée après la Révolution française, devenue notre Conservatoire, il attend néanmoins de l’entendre un peu pour adapter l’écriture de la partie de violon (Beethoven n’est pas encore tout à fait sourd, mais déjà très malentendant). Donc l’essentiel de la partition est écrit, mais elle n’est pas terminée…
Deux jours seulement avant le concert durant lequel l’œuvre est créée, chez le prince Lobkowitz – autre mécène illustre de Beethoven –, ce 29 décembre 1812, Beethoven fait savoir à l’archiduc – qui doit tenir lui-même la partie de piano – qu’un copiste va s’occuper du quatrième et dernier mouvement, maintenant que le compositeur a entendu le jeu de Rode. Beethoven rassure à sa manière son pauvre élève en ajoutant qu’il viendra le faire répéter… mais pas le soir même, seulement le lendemain, et donc la veille du concert…
Beethoven revient plusieurs fois sur son travail, même quelques jours après la création. Il faut dire que le discours de cette sonate est novateur, même s’il serait un peu long de vous l’expliquer. Il en résulte moult ratures et corrections sur le manuscrit tel qu’on le connaît aujourd’hui, qui est conservé à New York, mais qui date de 1815. L’original de 1812 semble perdu.
C’est le quatrième et dernier mouvement que j’ai choisi pour vous, celui que Beethoven écrit en dernier après avoir écouté le jeu de Rode. C’est, comme souvent, une suite de variations autour d’un thème plein d’allant et de légèreté, ici dans une interprétation lumineuse qui réunit Martha Argerich et Gidon Kremer, enregistrés voici un quart de siècle.
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Rubrique Éphéméride