28 avril 1892 : le triptyque de la vie selon Dvořák
Instant classique – 28 avril 1892… 126 années jour pour jour. C’est à Prague qu’Antonín Dvořák compose et crée trois ouvertures qu’il avait conçues comme un tout, et qui donneront de la matière chaque 28 avril.
Ces trois ouvertures symbolisent pour Antonín Dvořák trois sentiments fondamentaux de l’existence humaine : la fusion avec la nature, qui a donné l’ouverture « Dans la nature » ; la fête et la joie, avec l’ouverture « Carnaval », restée la plus célèbre ; enfin, bien sûr, l’amour, mais dans ce qu’il a de plus noir avec le poison qui ne le lâche pas d’une semelle, la jalousie, ce qui a donné l’ouverture Othello.
Jouées dans cet ordre, c’est-à-dire comme elles ont été conçues, on peut avoir un sentiment de pessimisme, le bien-être et la joie allant crescendo de la première ouverture à la seconde, où ils culminent, débouchent en quelque sorte sur l’amour, puis s’effondrent, détruits par la jalousie morbide.
Mais puisqu’on parle de joie et de fête et qu’en plus c’est samedi (ça n’a rien à voir, mais ça permet de le placer !), autant casser cette impression de dégringolade en allant directement au « Carnaval », ce tourbillon inextinguible qui n’est pas du tout dépourvu de poésie, bien au contraire. Il est traversé de thèmes profondément sensibles, d’une grande beauté mélodique, mélange de rêverie (on y entend les échos de la nature, justement) et d’amour, qui annonce la 3e ouverture, avant de se terminer avec son exubérance originelle.
Chef au destin tragique (il s’est noyé accidentellement à 43 ans), le Hongrois István Kertész a laissé une intégrale des symphonies, des poèmes symphoniques et des ouvertures d’Antonín Dvořák, qui fait encore largement autorité aujourd’hui, souvent approchée, jamais dépassée, tant la clarté des timbres, l’énergie, la merveilleuse poésie transfigurent ici l’orchestre symphonique de Londres.