27 novembre 1897 : l’Arlésienne de Francesco Cilea réduite à un lamento
Instant classique – 27 novembre 1897… 121 années jour pour jour. Cinq ans après le four retentissant – mais aujourd’hui bien oublié – de son second opéra, Tilda, Francesco Cilea, devenu professeur de musique pour vivre, tente un retour à la scène alors qu’il vient d’avoir trente ans.
Comme Georges Bizet vingt-cinq ans plus tôt, qui en avait fait une musique de scène pour l’adaptation au théâtre comme on l’a vu il y a quelques jours, il s’inspire de « L’Arlésienne », petit récit tiré des Lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet, ouvrage que tout élève en Provence, à l’instar de votre serviteur, a dû lire durant sa scolarité. Leopoldo Marenco en fait un livret en quatre actes avec tout le pathos requis par l’époque de la création. Celle-ci a lieu au Teatro lirico de Milan il y a tout juste 121 ans ce 27 novembre.
Dans le rôle de Federico, un jeune ténor de 24 ans va faire sensation. Il est Napolitain, a débuté sur les planches deux ans plus tôt et s’appelle Enrico Caruso. Le succès est au rendez-vous, mais Francesco Cilea ressentira le besoin de modifier son œuvre plusieurs fois, la réduisant à trois actes l’année suivante et même, quarante ans plus tard, lorsqu’il ajoutera un prélude.
Le triomphe de Enrico Caruso a fait de L’Arlesiana un opéra pour ténor, qui se réduit au « Lamento de Federico », à l’acte deux de l’ouvrage. Ce n’est pas très juste pour le reste, mais c’est justice pour l’air, pilier du répertoire.
L’occasion de l’entendre à nouveau tout en rendant hommage à un autre monstre sacré de l’art lyrique, dont on commémore les onze ans de la disparition, Luciano Pavarotti. On ne se lasse pas, en particulier, de son apparente et insolente facilité ni de la parfaite intelligibilité du texte italien.