27 novembre 1843 : « 10 % d’inspiration, 90 % de transpiration »

27 novembre 1843 : « 10 % d’inspiration, 90 % de transpiration »
Publicité

Instant classique – 27 novembre 1843… 177 ans jour pour jour. Michael William Balfe compose la seule œuvre qui restera connue : The Bohemian girl, un opéra qui connaît un net succès public grâce à ses airs simples et souvent tirés de mélodies populaires, alternés avec des dialogues parlés comme dans notre opéra-comique.

Michael William Balfe (1808-1870) est l’un des rares compositeurs romantiques d’origine irlandaise, fort célèbre en son temps, mais aujourd’hui bien oublié. Bien qu’il ait de nombreuses œuvres lyriques à son actif, ce violoniste devenu baryton estimé est resté à l’affiche pour un opéra, créé voici cent soixante-dix-sept ans aujourd’hui, The Bohemian girl, la Bohémienne.

Au départ, il s’agissait d’adapter l’argument d’une pantomime que Vernoy de Saint-Georges avait quelques temps auparavant tiré d’une nouvelle de Cervantès, la Gitanilla. Balfe est donc venu à Paris pour ce faire, au début de la décennie 1840. Mais le livret comme la partition sont profondément remaniés en 1843 en vue d’une création londonienne, le texte traduit en anglais étant alors confié à Alfred Bunn, directeur du théâtre de Drury Lane à Londres, où l’œuvre est créée.

L’action se déroule en Bohème au XVIIIe siècle. Thaddeus est un Polonais qui a fui son pays occupé et qui s’est réfugié dans l’actuelle Bratislava (alors Presbourg), parmi des Bohémiens, emmenés par Devilshoof. Ces deux-là sont invités à dîner par le comte Arnhem pour avoir sauvé sa petite fille Arline. Mais en Bohémien réfractaire à l’autorité de l’empereur du Saint-Empire, Devilshoof refuse de trinquer à la santé de ce dernier. On l’enferme derechef, Thaddeus n’étant gracié que parce qu’il a sauvé Arline. Le chef bohémien s’évade tout aussi derechef et, pour faire bonne mesure, s’enfuit en enlevant Arline. Une bonne décennie passe et les Bohémiens campent à nouveau près du château du comte. Arline a bien grandi et aime Thaddeus, dont elle sait le geste. Mais hélas, les Bohémiens ont aussi une reine, très amoureuse du Polonais et profondément jalouse. Le fait de devoir marier les deux tourtereaux est l’épreuve de trop : elle accuse Arline d’avoir volé le comte. Un procès est organisé, qui sert surtout au comte pour reconnaître sa fille pour sa plus grande joie. La nouvelle femme du monde qu’elle devient ainsi ne prive pas Arline de ses sentiments pour Thaddeus, dont elle ignore cependant les origines. Mais le comte, échaudé ne veut pas du tout entendre parler d’un mariage avec un Bohémien. Thaddeus n’a donc pas le choix s’il veut garder son aimée. Il révèle ses origines véritables et les deux tourtereaux peuvent se marier, non sans éviter d’abord un complot ourdi par Devilshoof et la reine pour tuer Arline le jour des noces. Pas de chance, c’est la reine qui est abattue par la balle destinée à la jeune femme…

La critique n’est pas tendre avec Balfe, mais son opéra est un net succès public, grâce à ses airs simples et souvent tirés de mélodies populaires, alternés avec des dialogues parlés comme dans notre opéra-comique. Balfe est un gros travailleur qui sans cesse reprend sa partition pour la perfectionner, d’où le sentiment que son œuvre, comme le rappelle Piotr Kaminski, c’est « 10 % d’inspiration et 90 % de transpiration »…

Parmi ces airs, l’un a fait florès depuis la création, c’est celui d’Arline à l’acte II. Quoi de mieux pour une œuvre oubliée que de la faire défendre par un monument ? Voici donc Jessye Norman elle-même, qui le chante ici lors d’une soirée de gala à Londres en 1986.

Cédric MANUEL

 



Un jour… une œuvre musicale !
Parcourez notre éphéméride



 

 

Publicité

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *