26 octobre 1783 : la messe d’amour de Mozart
Instant classique – 26 octobre 1783… 235 années jour pour jour. Une grande partie de l’histoire de cette fameuse Grande messe en ut mineur reste un mystère. Ce chef-d’œuvre absolu, qui annonce souvent le Requiem, est aujourd’hui un peu délaissé au profit de ce dernier, lui aussi inachevé (ou du moins, achevé par d’autres).
Cette messe ne correspond pas à une commande, comme c’était pourtant la règle à l’époque. Pourtant, on sait pourquoi il l’a composée… Wolfgang Amadeus Mozart écrit en effet à son père Leopold début janvier 1783 : « J’ai vraiment fait la promesse au fond de mon cœur et espère bien la tenir. Lorsque j’ai fait ce serment, ma femme était encore célibataire – et comme j’étais fermement décidé à l’épouser peu après sa guérison, il m’était facile de faire cette promesse – mais le temps et les circonstances ont empêché notre voyage, comme vous le savez ; et comme preuve de la sincérité de mon serment, j’ai ici la partition d’une messe à moitié composée, qui attend d’être portée à son terme. »
L’œuvre est, de fait, quasiment complète. Manque surtout l’Agnus Dei final. Mozart se tourne, pour cette messe qu’on aurait pu appeler « Messe de Constance », du prénom de sa femme, vers les maîtres du passé, Bach en tête. Il la fait jouer le 26 octobre 1783 à Salzbourg, non pas dans le cathédrale de son ancien maître honni Colloredo, mais dans l’église Saint-Étienne. Constance y tient les parties solistes.
Quelques mois à peine avant sa mort, dans le cadre grandiose de la basilique de Waldsassen en Bavière, Leonard Bernstein a donné une version restée mémorable de cette messe avec le chœur et l’orchestre de la radio bavaroise.
On pourra lui reprocher un effectif bien trop vaste pour cette œuvre, ici dans la version achevée par le musicologue Franz Beyer dans les années 70. Mais on ne pourra pas lui reprocher de s’adresser à nos cœurs, ici dans le Kyrie initial si proche du début du déchirant Requiem, de huit ans postérieur.