26 juillet 1882 : le dernier Graal de Wagner

26 juillet 1882 : le dernier Graal de Wagner
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Instant classique – 26 juillet 1882… 136 années jour pour jour. Dès 1845, Richard Wagner s’imprègne du poème de Wolfram von Eschenbach, Parzival, nom qui découle simplement du plus célèbre Perceval et que Wagner cite déjà dans Lohengrin, dont Parsifal est le père.

Comme souvent avec Richard Wagner, l’œuvre s’esquisse pendant des années et il mettra plus de 30 ans à la composer. Après avoir réalisé, grâce à l’admiration inconditionnelle et aussi quand même un peu à la naïveté de Louis II de Bavière, son rêve à Bayreuth et finalisé la Tétralogie de l’Anneau du Nibelung, Wagner revient au soir de sa vie sur la partition de ce qui sera son œuvre ultime. Pas toujours mécontent de réécrire l’histoire à son avantage, il prétendra même avoir eu la vision de « l’Enchantement du Vendredi saint » dans le jardin de son protecteur Wesendonck, précisément le Vendredi saint de 1857… Il avoua lui-même plus tard qu’il n’en était rien. Petit farceur, va.

Le livret est achevé en 1877 et la partition début 1882. Richard Wagner a alors presque 69 ans. La première, ce 26 juillet 1882, comporte une anecdote savoureuse : en présence d’Anton Bruckner, de Franz Liszt, de Richard Strauss et du terrible critique Eduard Hanslick, l’œuvre remporte un énorme succès. Mais il n’y eut pas un seul applaudissement. En effet, Wagner était venu sur la scène après le IIe acte et demandé au public de ne pas applaudir entre les actes, pour ne pas rompre la continuité dramatique, ce qui peut se comprendre. Mais l’assistance comprit trop bien et s’abstint aussi d’applaudir à la fin… ce qui provoqua une énième attaque cardiaque de Wagner, qui crut au four. Depuis, Parsifal – en tout cas à Bayreuth – n’est jamais applaudi, c’est devenu la tradition.

Parsifal est une énorme partition, où partout dans la musique ressort une noblesse parfois un peu pesante si elle est dirigée sans finesse. Gustav Mahler, qui écouta l’œuvre à 23 ans, en 1883, année de la mort de Wagner à Venise, en resta baba : « Je sus que j’avais découvert ce qu’il y avait de plus grand, de plus douloureux, et que je le porterais en moi, inviolé, toute ma vie ».

Le plus grand chef d’orchestre de son temps ne put ainsi jamais diriger l’œuvre en entier. Le succès est tel qu’il attire toute l’Europe musicale à Bayreuth : après Liszt, Mahler et Bruckner, Camille Saint-Saëns, puis Claude Debussy et, plus tard, Alban Berg et Igor Stravinsky pour ne citer qu’eux.

Certes, cela dure plus de quatre heures, mais c’est une œuvre fascinante, à consommer à petites doses, comme un bon vin, impossible à résumer en quelques mots. Pour en deviner l’atmosphère, le prélude du 1er acte n’a pas son pareil…

Cédric MANUEL



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Rubrique : « Le saviez-vous ? »



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