26 août 1956 : la grande fresque de Martinů
Instant classique – 26 août 1956… 64 ans jour pour jour. C’est alors qu’il visite la jolie ville d’Arezzo, aux confins de la Toscane, au printemps 1954, que Bohuslav Martinů voit pour la première fois l’un des grands trésors de la ville – et de l’humanité tout entière – dans la basilique Saint-François : les fresques de Piero della Francesca autour de « La Légende de la Vraie Croix » tirées de La Légende dorée, réalisées au milieu du XVe siècle dans la chapelle absidiale.
Rentré à Nice, où il réside durant l’année non loin de la ville, Bohuslav Martinů s’attelle à donner une forme de narration en musique de la splendeur qu’il a admirée. C’est ainsi que naît, entre février et avril 1955, l’un des grands chefs-d’œuvre du compositeur, qu’il dédie au chef d’orchestre – tchèque lui aussi et exilé lui aussi – Rafael Kubelik. C’est ce dernier qui en dirige la création au festival de Salzbourg, voici juste soixante-quatre ans.
Composée de trois mouvements, on ne peut pas vraiment dire qu’il s’agit d’une œuvre à programme qui décrirait chacune des fresques, même si des indications nous disent que l’andante initial se réfère à la reine de Saba et au roi Salomon, ajoutés par Della Francesca alors qu’ils ne sont pas vraiment dans La Légende dorée. L’adagio central figurerait l’empereur Constantin et le final l’impression générale, où l’on sent le choc et l’émerveillement, produite par les fresques sur le compositeur.
J’aurais pu choisir une interprétation par le dédicataire de la partition, le grand Kubelik, mais je voulais aussi vous montrer un morceau de ce chef-d’œuvre de la peinture italienne, et j’en ai trouvé qui illustrent une interprétation par le non moins grand sir Charles Mackerras à la tête de l’orchestre symphonique de la radio de Prague. Ici, il s’agit de l’adoration du bois sacré par la reine de Saba, avec le roi Salomon.