26 août 1885 : les errances mystiques de l’abbé Gounod
Instant classique – 26 août 1885… 134 ans jour pour jour. On le sait, Charles Gounod était un grand mystique. Toute sa vie, il en a subi quelques grosses crises vaguement délirantes. Il a failli entrer dans les ordres, signait même certaines lettre « Abbé Gounod ». Bref, il tournait mal — tout en ne dédaignant pas courir après le moindre jupon…
Heureusement, il s’est un peu calmé, a eu la révélation de l’opéra et a fondé une famille. Ce qui ne l’a bien sûr pas empêché de consacrer une partie importante de son œuvre à la musique religieuse. Après son oratorio Rédemption, conçu à Rome (forcément…) en 1867 et créé en 1882, il songe à une suite, nouvelle trilogie sacrée, qu’il écrit en 1884-85. Il la baptise Mors et vita, et y intègre trois parties — la mort, le jugement et la vie —, dédiées au pape Léon XIII.
« On se demandera peut-être pourquoi j’ai placé, dans le titre, la mort avant la vie. C’est que, si dans l’ordre du temps, la vie précède la mort ; dans l’ordre éternel, c’est la mort qui précède la vie. La mort n’est que la fin d’un “mourir” continuel. »
Cette œuvre est loin d’être négligeable sur le plan musical, qui est celui qui nous intéresse. Elle s’ouvre par exemple par un vaste “Requiem” fort intéressant, morceau le plus long de cet oratorio, qui dépasse les 2h30, tout de même, et qui est créée voici cent trente-quatre ans au Festival de Birmingham.
Camille Saint-Saëns admirait beaucoup cette œuvre, qu’il jugeait même supérieure aux opéras de Gounod (qu’il aimait beaucoup aussi), pensant que Mors et Vita leur survivrait forcément. Il s’est un peu trompé, l’ami Camille.
Rassurez-vous, je ne vous infligerai pas de chants religieux de bon matin. En revanche, voici un extrait purement instrumental, introduction du Judex, troisième morceau qui compose la seconde partie de l’œuvre, le Jugement « Judicium », de très belle facture et très reposante, qui rappelle beaucoup certaines tournures de Roméo et Juliette. Car tout mystique qu’il était, Gounod n’en était pas moins l’un de nos plus grands musiciens.