25 octobre 1923 : Darius Milhaud crée son monde
Instant classique – 25 octobre 1923… 95 années jour pour jour. Après la création mouvementée, en 1913, du Sacre du printemps d’Igor Stravinsky, nombre de jeunes compositeurs ont soudain voulu, eux aussi, se pencher sur les mystères des origines.
Darius Milhaud, qui a 30 ans en 1923, vient par ailleurs de s’initier au jazz de la Nouvelle-Orléans après s’être imprégné au Brésil d’autres rythmes qui l’ont marqué à vie. Il a donc l’idée d’écrire un ballet « africain », sur l’argument de L’Anthologie nègre de Blaise Cendrars, mythologie païenne sur le retour aux sources, ou, en quatre mots, « la création du monde ».
Fernand Léger est également embauché pour faire les décors et les costumes de la création, ce 25 octobre 1923 au théâtre des Champs-Élysées, par les ballets suédois de Rolf de Maré.
L’œuvre de Darius Milhaud, l’une de ses plus célèbres, est en cinq mouvements très brefs : une ouverture comme suspendue, très lente, où domine le saxophone ; puis vient le chaos initial et les incantations aux dieux, sur un rythme très jazzy ; puis l’apparition des plantes et des animaux. Ces derniers, sur un retour des rythmes jazz vont se mettre à danser à leur tour. Viennent l’homme et la femme, qui se livrent à une danse très suggestive – la danse du désir – très rapide, où domine la clarinette, comme ensorcelée. Tout se calme enfin, les deux êtres s’embrassent et s’isolent. C’est le « printemps de la vie humaine ». On entend quelques éléments précédemment utilisés, mais qui sont un peu déformés, apaisés et l’œuvre s’achève comme sur des points de suspension.
Leonard Bernstein reste à ce jour l’un des interprètes les plus inspirés de cette musique, avec laquelle il poussa à la fin des années 70 l’orchestre français qu’il préférait entre tous dans ses derniers retranchements : le national de France, ici très à son affaire.
À chaque jour son instant classique !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »
