25 juillet 1970 : départ pour le monde lointain avec Rostropovitch et Dutilleux
Instant classique – 25 juillet 1970… 49 ans jour pour jour. Mstislav Rostropovitch avait, outre son violoncelle, de nombreux amis intimes. Parmi eux, le compositeur français Henri Dutilleux.
Et lorsque ses amis intimes étaient aussi compositeurs, il leur demandait souvent des œuvres pour lui (et pour nous). Il le fit avec Britten ou Chostakovitch par exemple. Rostropovitch passe donc commande à Dutilleux à la fin des années 60, lequel lui écrit un concerto en s’appuyant sur des poèmes de Baudelaire, sans pour autant la mettre en musique. L’œuvre, qu’il baptise Tout un monde lointain porte bien son nom et n’est pas facile, mais elle est fascinante.
Elle est en cinq mouvements :
– Énigme / « et dans cette nature étrange et symbolique » ;
– Regard / « Le poison qui découle de tes yeux, de tes yeux verts, lacs où mon âme tremble et se voit à l’envers » ;
– Houles / « Tu contiens, mer d’ébène, un éblouissant rêve de voiles, de rameurs, de flammes, de mâts » :
– Miroirs / « Nos deux cœurs seront de vastes flambeaux qui réfléchiront leurs doubles lumières dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux » ;
– Hymne / « Garde tes songes, les sages n’en ont pas d’aussi beaux que les fous ».
Ce dernier est le plus vif, véritable explosion de couleurs qui résume tout le reste.
En voici une interprétation du dernier mouvement, en 1975, avec Slava et l’orchestre de Paris dirigé par Serge Baudo. Écoutez donc ce que Rostropovitch fait avec son violoncelle, c’est prodigieux.
Et n’ayez pas peur de cette musique, il faut y entrer et elle ne se livre pas si aisément, mais elle vous peut vous envoûter aussi sûrement que l’opium des vers baudelairiens. C’est en tout cas exactement ce qui s’est passé lorsque je l’ai entendue récemment en concert.