25 avril 1926 : le triomphe post-mortem de Puccini
Instant classique – 25 avril 1926… 106 années jour pour jour. Après quelques hésitations, à la suite du Tryptique créé à New York, Giacomo Puccini accepte la proposition de mettre en musique l’adaptation par le journaliste Renato Simoni et le librettiste Giuseppe Adami de l’œuvre de Carlo Gozzi, Turandotte, déjà transformée en opéra par Ferruccio Busoni en 1917.
Giacomo Puccini a de grandes difficultés à avancer, étudiant la musique chinoise et attendant parfois avec appréhension les parties achevées du livret. Bon an, mal an, la partition est déjà bien avancée fin 1922.
Reste le dernier acte, que Puccini redoute entre tous et pour lequel il nourrit de grandes ambitions. Hésitant, prêt à renoncer tant il craint de ne pas trouver l’inspiration, il s’y attaque enfin à l’été 1923. Mais dans le même temps, il est taraudé par des maux de gorge très violents ; le diagnostic d’un cancer inopérable tombe à l’automne 1924, alors qu’il lui reste le duo final à achever. Giacomo Puccini emporte les esquisses de ce duo qui lui donne tant de mal dans un voyage de la dernière chance à Bruxelles où il doit suivre un traitement innovant, dont il ne réchappe pas ; il meurt fin novembre. Personne ne veut pour autant abandonner ce qui serait donc sa dernière œuvre lyrique, et on cherche quelqu’un pour la terminer.
Le fils de Puccini récuse tout d’abord Riccardo Zandonai, avant que le choix ne se porte, avec l’accord d’Arturo Toscanini, qui doit créer l’œuvre à Milan, sur l’assistant de Puccini, Franco Alfano, lequel écrit le final grandiloquent qu’on connaît aujourd’hui et qui n’est pas pour rien dans le succès de l’œuvre, contrairement à ce qu’on entend souvent.
Pourtant, lors de la création, le 25 avril 1926, Arturo Toscanini pose sa baguette à la fin de l’air de Liù, qui vient de se suicider par amour pour ne pas révéler le nom de Calaf à l’horrible Turandot, et se tourne vers le public milanais pour lui dire : « C’est ici que le Maître interrompit son travail. La mort, cette fois, fut plus forte que l’art ».
On ne crée le nouveau finale que quelques jours plus tard, dans les deux cas sous des tonnerres d’applaudissements. Certaines productions, dont celle de l’opéra de Rome il y a quelques années, optent pour ce même choix et clôturent l’opéra à la mort de Liù. Mais on sent bien qu’il manque quelque chose. Il faut donc choisir entre un finale imposant et celui, plus intimiste mais pas forcément beaucoup plus convaincant, de Luciano Berio, créé en 2002. Et pour ne pas choisir, voici donc la scène du sacrifice de Liù, ici dans la célèbre production technicolor et des plus chargée de Franco Zeffirelli, il y a près de 30 ans, au Metropolitan Opera de New York.
À chaque jour son instant classique !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »
Photographie de Une – Turandot, opéra de Giacomo Puccini, mise en scène Franco Zeffirelli
au Metropolitan Opera de New York (crédits : Beatriz Schiller/Metropolitan Opera)