24 février 1864 : Smetana montre les muscles
Instant classique – 24 février 1864… 156 ans jour pour jour. À la fin de son séjour en Suède – il a résidé à Göteborg pendant cinq ans, jusqu’en 1861 -, Bedřich Smetana compose ce dernier poème symphonique réalisé durant cette période et qui succède à Richard III et au Camp de Wallenstein.
Toujours dans la même veine historique, Bedřich Smetana s’inspire cette fois d’un personnage de l’histoire norvégienne, Håkon Sigurdsson, « jarl » (qu’on pourrait traduire par seigneur) de Lade, qui vécut au Xe siècle et qui fut un souverain relativement important, même si c’est sa brutalité et son autoritarisme qui sont essentiellement restés dans les mémoires.
Au XIXe siècle, Adam Gottlob Oehlenschläger, le père du romantisme danois, écrit sur ce même personnage une tragédie en cinq actes, l’une de ses premières pièces, considérée comme l’un de ses chefs-d’œuvre. C’est à partir de celle-ci que Smetana compose à Göteborg son poème symphonique, qui repose sur l’antagonisme sanglant entre Håkon Jarl, le païen, et Olaf Tryggvasson, exilé qui vient reconquérir son pays en y portant (violemment) le christianisme auquel il avait été converti à Londres.
Pour représenter cette lutte, Smetana donne à sa partition des accents militaires et intègre un doux choral religieux qui conduit à une conclusion apaisée, le tout très inspiré par les poèmes symphoniques de Liszt, qui datent peu ou prou de la même époque.
C’est à Prague et trois ans après sa composition que ce poème symphonique – qui ne compte pas parmi les meilleurs de son auteur selon moi – est créé. En voici une interprétation enfiévrée par Rafael Kubelik et les forces de la radio bavaroise…