23 décembre 1806 : la longue marche d’une œuvre célébrissime
Instant classique – 23 décembre 1806… 213 ans jour pour jour. Eh bien non, le fameux concerto pour violon de Beethoven ne s’est pas imposé comme l’évidence qu’il est pour nous aujourd’hui !
C’est pour le virtuose adoré par le public Franz Clement que Beethoven compose son unique concerto pour cet instrument, bien qu’il existe bien sûr d’autres œuvres pour violon et orchestre dans la production beethovénienne et peut-être même une autre ébauche de concerto, plus précoce.
Pour Beethoven, l’année 1806 a été chaotique, avec l’échec de son Fidelio et ses passions orageuses avec Thérèse de Brunswick ou Joséphine Deym. Dédié plus tard à Gerhard von Breuning, ami d’enfance de Beethoven et violoniste lui-même, le concerto semble dominé par un sentiment noble et profond, sans doute amoureux. Le public du Theater an der Wien ne s’y trompe pas, ce 23 décembre 1806, et lui fait un très bon accueil.
Las ! La critique démonte l’œuvre. Extraits choisis : « manque de cohérence », « amoncellement touffu et décousu d’idées », « vacarme continuel entretenu par quelques instruments »… Voilà qui suffit à donner à ce qui est devenu l’une des œuvres les plus populaires du compositeur grognon la réputation d’un concerto injouable pour le soliste. Il ne s’est imposé qu’avec le temps.
En voici le joyeux rondo final, si tendre, si aérien, ici par l’immense Jasha Heifetz, avec le non moins immense Charles Munch à la tête du symphonique de Boston. Un enregistrement de plus de cinquante ans qui est d’une rare présence.