22 octobre 1827 : Schubert achève le “Voyage d’hiver” et commence le sien

22 octobre 1827 : Schubert achève le “Voyage d’hiver” et commence le sien
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Âgé de 30 ans, au cœur de la dépression, Schubert produit ce qui sera son dernier et magnifique quatuor à cordes en sol, ainsi que douze lieder sur des poèmes de Müller, à la noirceur affirmée. L’un des plus célèbres et des plus poignants est « Die leiermann », qui fête son 194e anniversaire.

Au début de l’été 1826, Franz Schubert est sec. Il n’a plus rien écrit de notable depuis plusieurs mois : quelques danses, des lieder de second ordre dans son œuvre déjà monumentale. Il a trente ans. Il répond sans conviction à des commandes sans intérêt, comme s’il perdait son âme. Et il ne va pas bien. Insidieusement mais inexorablement, la syphilis creuse son sillon, aggravant ses périodes dépressives. Et au début de 1826, il est en plein dans ce moment de profond désarroi.

C’est à ce moment qu’il retombe sur les poèmes de Wilhelm Müller, dont il avait déjà mis des œuvres en musique plusieurs fois, et en particulier le grand cycle de La Belle meunière en 1823. Et alors, tout revient. En quelques jours, il produit ce qui sera son dernier et magnifique quatuor à cordes en sol, et écrit douze lieder sur des poèmes de Müller, tiré du cycle de ce dernier, intitulé Le voyage d’hiver, Winterreise.

Le premier cycle de lieder de Schubert s’ouvre sur le lied « Gute nacht » et finit par « Einsamkeit ». Le compositeur s’identifie à ce voyageur sombre, qui marche vers la mort. Ses amis s’inquiètent de sa noirceur. Il s’isole, ne parle de son travail à personne et lorsqu’il présente à ses proches ces douze premiers lieder, début 1827, ceux-ci sont stupéfaits et déçus par cette atmosphère lugubre.

Un peu plus tard dans l’année 1827, Schubert poursuit son cycle avec douze autres lieder et inscrit clairement sur la partition qu’il s’agit bien d’une suite du précédent cycle. Il est également écrit qu’il est achevé en octobre 1827. Cette seconde partie commence par « Die post » et s’achève par l’un des lieder les plus célèbres et les plus poignants, « Die leiermann », le joueur de vielle, que j’ai choisi ici par l’immense Dietrich Fischer-Dieskau. Tout est dit.

Le 30 septembre 1827, le poète Wilhelm Müller meurt à Dessau sans avoir rien su de l’œuvre que composait Schubert sur ses textes.

Schubert produira encore quelques grands chefs d’œuvre de l’histoire de la musique après ce choc psychique. Mais à peine un an plus tard, il aura fini son propre voyage.

Cédric MANUEL



Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »



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