22 novembre 1928 : « Au fou ! » ou l’hypnose en musique de Ravel

22 novembre 1928 : « Au fou ! » ou l’hypnose en musique de Ravel
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Instant classique – 22 novembre 1928… 90 années jour pour jour. L’une des œuvres classiques les plus célèbres au monde et sans doute l’une des plus jouées, est un peu née par hasard. La grande danseuse Ida Rubinstein demanda à Maurice Ravel d’orchestrer des œuvres pour piano d’Isaac Albeniz en vue d’un futur ballet.

Mais la commande ayant été passée à un autre compositeur, Maurice Ravel décida de créer une œuvre à lui. Il pensa tout de suite à un boléro, qui aurait un rythme obsessionnel. « Mon boléro devrait porter en exergue “enfoncez vous bien ça dans la tête” », disait il. Il ne croyait guère au succès de son œuvre, si étrange, lancinante, véritablement hypnotique, idéale d’ailleurs pour faire connaître les instruments de l’orchestre symphonique aux enfants comme aux plus grands, en raison des entrées successives qui ponctuent ce quart d’heure unique dans l’histoire de la musique. « C’est une expérience dans une direction très particulière et très limitée, et [le Boléro] ne devrait pas être suspecté de viser autre chose que ce qu’il vise. »

Avant la création voici tout juste 90 ans, à l’opéra de Paris, avec Ida Rubinstein et sur une chorégraphie de Bronislava Nijinska, Ravel avait fait distribuer au public un avertissement faisant écho à cette conception. Il y parlait d’un morceau de dix-sept minutes, ce qui montre qu’il est donc joué plus rapidement que ce que l’auteur souhaitait par la plupart des interprètes.

Sans créer de scandale du type du Sacre du printemps quinze ans plus tôt, le Boléro surprit quand même le public. Il se trouva une spectatrice qui cria « Au fou ! », ce à quoi Ravel répondit qu’elle, au moins, avait compris. C’est d’ailleurs une œuvre difficile à exécuter tant elle est millimétrée et c’est pourquoi, puisque tout dépend d’elle, on place la caisse claire au milieu de l’orchestre et on remercie très chaleureusement le percussionniste à la fin…

Le Boléro, si souvent joué au concert, est donc un ballet. Maurice Béjart, en 1961, a marqué pour toujours la chorégraphie attachée à cette œuvre hypnotique en créant un ballet tout aussi hypnotique. Béjart qui, par un étrange hasard, est mort un 22 novembre.

On ne compte pas les immenses danseurs qui l’ont dansée ; ce sont d’ailleurs indifféremment des hommes et des femmes. Mais comme c’est une femme qui a créé le ballet la première, y compris dans la version Béjart (Duska Sifnios), j’ai choisi la très charismatique et extraordinaire Sylvie Guillem qui faisait à Tokyo, lors du dernier réveillon, ses adieux à la scène après une tournée mondiale avec cette œuvre fétiche. Hypnotique, on vous dit.

Cédric MANUEL



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Rubrique : « Le saviez-vous ? »



 

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