22 mai 1874 : la grand-messe de délivrance de Giuseppe Verdi
Instant classique – 22 mai 1874… 144 années jour pour jour. Giuseppe Verdi écrit ainsi à son amie Clara Maffei quelques jours après la mort d’Alessandro Manzoni, gloire littéraire italienne, mort le 22 mai 1873 : « C’en est fini, maintenant ! Avec lui disparaît notre gloire la plus pure, la plus sainte, la plus haute ».
Peu après, cet antireligieux, et même athée, si l’on en croit la correspondance de sa compagne Giuseppina Strepponi, se résout pourtant à écrire une messe de Requiem à la mémoire du grand homme qu’il vénérait, qui serait créée à San Marco de Milan juste un an après la mort d’Alessandro Manzoni.
Il reprend pour cela l’un des fragments d’une inaboutie grande messe pour Gioachino Rossini, dont chaque partie devait être écrite par un compositeur italien. Mais qui pouvait se mesurer à lui, qui fit le finale « Libera me » de cette fameuse messe qui ne vit jamais le jour ?
Ce 22 mai 1874, le triomphe, sous la direction même de Giuseppe Verdi qui dirigeait pourtant assez peu, est immense. Il fera ensuite une grande tournée en Europe, dont Paris où il recevra pour cette œuvre la dignité de Commandeur de la Légion d’Honneur.
Voici donc un des plus grands chefs-d’œuvre de la musique sacrée par quelqu’un qui ne croyait pas trop en Dieu (ou plutôt il y croyait par défaut, par restes de superstition). Loin des œuvres introverties et recueillies, il livre ici le combat de l’homme contre la mort et s’il le perd toujours, survient finalement pour lui la délivrance, ce fameux « Libera me » dont voici une interprétation récente et de haute volée, emmenée par Pappano, Harteros et l’Accademia nazionale di Santa Cecilia di Roma. Et comme le conclut le texte, avant la reprise : « Donne-leur le repos éternel, Seigneur, et que la lumière perpétuelle brille sur eux », athées ou pas !