22 juillet 1847 : Giuseppe Verdi en piteux état pour un opéra brigand sans réussite
Instant classique – 22 juillet 1847… 171 années jour pour jour. La réputation de Giuseppe Verdi, deux ans après le triomphe de Nabucco, avait déjà parcouru toute l’Europe. Les plus grands théâtres commençaient à faire pleuvoir les commandes et pour y répondre, le compositeur était entré dès 1843 dans les fameuses « années de galère », en tout cas telles qu’il les a appelées, non sans dramatiser un peu.
Car ce furent aussi dans bien des cas des années de grand succès qui lui ont permis d’assurer ses arrières avant de donner aux œuvres de la maturité le tournant qu’on sait.
C’est donc assez naturellement que Londres veut sa part de l’ascension. Dès 1844, l’un des éditeurs milanais de Giuseppe Verdi, Francesco Lucca, entame des négociations avec Her Majesty’s theatre, salle des représentations d’opéras italiens dans la capitale britannique. Mais le jeune compositeur (il fête ses 31 ans en octobre 1844) tombe malade. Il subit de violentes crises rhumatismales qui le laissent pantelant et immobile et qui s’accentueront jusqu’en 1846, mais aussi des crises de gastrite aiguë, le tout aggravé par une séquence dépressive aiguisée par les harcèlements constants des éditeurs. Comme il l’écrit lui-même, il est, en 1846, « en piteux état ».
Pour autant, fin 1846, tout est bien engagé. L’adaptation choisie est celle des Brigands de Schiller, initialement destinée à Florence, qui n’avait pas pu la monter. Londres avait auparavant opté pour Byron et son Corsaire, mais qui sera adapté par Verdi peu de temps après, mais pour Trieste. Verdi demande à son vieil ami Andrea Maffei, écrivain et traducteur, d’adapter la tragédie de Schiller pour Londres.
Le Her Majesty’s Theatre est alors en pleine déconfiture et les conditions de préparation de la création sont détestables malgré la présence d’une star montante, Jenny Lind, le « rossignol suédois », qui créera le rôle d’Amalia mais que Verdi n’appréciait guère. La première est un événement mondain de premier ordre, avec la reine Victoria et même le vieux duc de Wellington.
Le succès est très grand, mais dès le lendemain, la presse éreinte l’œuvre, qualifiée même par le critique Henry Chorley de « pire opéra jamais donné au Her Majesty’s Theatre ». Le fait est qu’il est retiré de l’affiche très rapidement après. I Masnadieri ne manque pas de beaux moments très « verdiens », mais le livret n’est pas une grande réussite et l’inadéquation des chanteurs à leur rôle – hormis Jenny Lind, qui a peu ou prou sauvé la mise – n’ont pas arrangé les choses. L’oubli a donc d’emblée guetté cette œuvre, qui ne s’en est jamais vraiment remise.
En voici l’impressionnante scène finale, dans l’un des seuls enregistrements de studio consacré à cet opéra, des plus recommandables, même s’il vient tard pour Joan Sutherland, avec un Bonisolli plus tête brulée que jamais sous la baguette de Richard Bonynge.