21 mars 1925 : cauchemars enfantins
Instant classique – 21 mars 1925… 93 années jour pour jour. En 1914, l’Opéra de Paris avait commandé à l’écrivaine Colette un livret – peut-être d’abord pour un ballet – dont la musique serait confiée à Maurice Ravel.
Le tout traîna plusieurs années avant que Colette ne soit inspirée par les bêtises de son propre enfant et que Maurice Ravel finisse, dix ans après, par trouver quelques idées novatrices pour ce qui deviendrait le célèbre Enfant et les sortilèges.
Entre-temps, le directeur de l’Opéra de Paris s’était découragé ; l’œuvre fut donc mise à l’affiche de l’Opéra de Monte-Carlo. Maurice Ravel acheva sa partition quelques jours seulement avant la première, dirigée par Victor de Sabata (tout de même !). Malgré les audaces harmoniques de Ravel, le triomphe fut assez retentissant pour que Paris s’en empare sur le champ, avant que l’œuvre ne fasse le tour du monde, émerveillant petits et grands avec un succès jamais démenti.
Cette féérie poétique donne libre cours à l’imagination. Les metteurs en scène s’en donnent à cœur joie, comme ici à l’Opéra de Lyon il y a quelques années (il s’agit là de la bande-annonce), pour mettre en scène pêle-mêle, outre l’enfant et sa maman, des bergers, un fauteuil grognon, une tasse et une théière qui se tournent autour dans un fox-trot endiablé, un chat qui conte fleurette à une chatte, le feu qui sort de la cheminée, une poupée princesse devenue vivante, une horloge qui perd ses aiguilles, un vieux maître d’arithmétique devenu fou, une multitude d’animaux de la forêt et des arbres…
Tous ou presque sont venus reprocher à l’enfant son égoïsme, sa cruauté et sa méchanceté, jusqu’au « maman ! » libérateur.
À chaque jour son instant classique !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »
Photographie de Une –