21 mars 1904 : Moi, toi, nous (mais surtout moi !)
Instant classique – 21 mars 1904… 116 ans jour pour jour. On l’a vu il y a quelques temps, avec sa « vie de héros », Strauss parlait d’abord de lui-même, non sans emphase. Un peu plus tard, alors qu’il se trouve sur l’île de Wight, lui prend l’envie de remettre ça mais, sans doute pris de remords, il souhaite associer cette fois de façon plus positive sa petite famille (sa femme et son fils).
Il leur dédie donc cette nouvelle partition, qui n’est pas un poème symphonique mais pas non plus tout à fait une symphonie et qu’il baptise Sinfonia domestica pour bien qu’on comprenne de quoi on parle.
Il y a donc un programme. Le premier mouvement présente le petit cercle de famille : Strauss d’abord, volontaire et créatif évidemment. Vient ensuite Mme Strauss, Pauline de Ahna, bondissante, capricieuse, amoureuse évidemment (on se souvient que Strauss ne l’avait pas ratée dans sa vie de héros…), puis le fils Franz, rêveur et insouciant. Le mouvement suivant est une petite scène de la vie quotidienne centrée autour des jeux enfantins. Puis vient la nuit, lorsque les deux parents se retrouvent et… voilà voilà. Avant un finale (proposé ici) mettant en scène une petite dispute gentillette et la réconciliation familiale dans la bonne humeur générale.
Après la création au Carnegie Hall à New York, le 21 mars 1904, la partition est plutôt éreintée par la critique, qui se demande par exemple comment un compositeur de génie « a pu tomber aussi bas ». De fait, on ne pourra pas nier que dans la crème montée en chantilly bien sucrée, cette œuvre n’est pas la dernière au point d’en devenir un peu indigeste…