21 juillet 1938 : un capolavoro nobilissimo dopo una visione
Instant classique – 21 juillet 1938… 81 ans jour pour jour. Comme bien des amoureux de l’Italie, Paul Hindemith n’a pas manqué d’aller à Florence, sans doute l’une des plus belles villes du monde (mais pas en été !). Il avait fui l’Allemagne nazie pour s’installer en Suisse et avait entrepris de là son voyage.
Comme tous, il a visité la grande église Santa Croce, qui est par ailleurs un Panthéon italien, où l’on trouve les tombeaux de Machiavel, Rossini, Galilée, Michel-Ange, Vasari, Alfieri ou encore le cénotaphe de Dante, dont une grande statue garde l’entrée de la basilique, à gauche quand vous regardez la magnifique façade de cette dernière.
Dans l’une des chapelles de la basilique, la chapelle Bardi, se trouvent des fresques de Giotto consacrées à la vie de saint François d’Assise. C’est en les admirant qu’Hindemith a imaginé en 1937 un ballet autour de la vie du saint. La partition en est prête au printemps 1938 et la chorégraphie est confiée à Leonide Massine pour les ballets russes de Monte Carlo. Le ballet est créé à Londres sous la direction du compositeur voici tout juste quatre-vingt-un1 ans aujourd’hui.
L’œuvre est en six tableaux mais presque aussitôt, Hindemith en tire une suite pour orchestre en trois mouvements, qui reprennent plusieurs fragments du ballet et qui sera créée à la Fenice de Venise moins de deux mois plus tard. C’est cette suite qui est le plus souvent jouée et qui est un magnifique chef-d’œuvre. On y entend d’abord une introduction très solennelle, symbole de la méditation assez sombre et solitaire de saint François sur la montagne. Un rondo marqué aux cuivres vient troubler cette quiétude. Une marche ouvre le mouvement central avant que l’apparition de trois femmes allégoriques ne ramènent l’atmosphère à davantage de sobriété: la chasteté, la soumission, la pauvreté. Une pastorale plus lumineuse conclut le mouvement. Enfin, retour à la solennité avec une passacaille pleine de recueillement et de spiritualité.
Document précieux, c’est ici le compositeur lui-même qui dirige l’orchestre Philharmonia le 21 novembre 1956. La prise de son est d’une clarté miraculeuse pour un enregistrement de cet âge (ce sont les débuts de la stéréo) et rend pleinement justice au compositeur et à son chef-d’œuvre, nobilissimo.