21 janvier 1904 : Leoš Janáček est dramatiquement agité

21 janvier 1904 : Leoš Janáček est dramatiquement agité
Publicité

Instant classique – 21 janvier 1904… 114 ans jour pour jour. Après bien des vicissitudes, Leoš Janáček voit enfin son opéra Její Pastorkyňa (« Sa belle-fille ») créé au petit théâtre de Brno, sa ville natale, en Moravie. Tiré d’une pièce de Gabriela Preissová à laquelle la presse avait reproché férocement un « réalisme sordide », l’opéra avait pris plus de 10 ans à Janáček, entre abandons et reprises, jusqu’à la mort de sa fille Olga en 1903, à qui l’œuvre est dédiée.

Janáček est le père de la musique tchèque du XXe siècle. Son œuvre est tournée vers l’avenir et déroute beaucoup ses contemporains. L’opéra de Prague l’a refusée ; Mahler, à celui de Vienne, ne l’acceptera pas davantage. Finalement, elle sera créée à Prague seulement 12 années plus tard. 

Bien que ce ne soit pas l’œuvre la plus difficile du compositeur, elle est âpre, concentrée, musicalement très complexe, sans airs véritablement distinct (hormis pour Jenůfa, nom de l’héroïne qui restera finalement celui de l’opéra), et témoigne d’un sens profond du drame. L’orchestre est agité, d’une grande richesse rythmique et d’une grande variété de couleurs. Mais le tout n’est pas aisé pour une première écoute.

L’histoire est terrible, oppressante, et très difficile à résumer. Dans une famille morave, la grand-mère Buryja vit dans un moulin avec ses deux petits-enfants qui ont perdu leurs parents : Jenůfa et son cousin Števa, mais aussi Laca, demi-frère de Števa et Kostelnička, belle-mère de Jenůfa, qui exerce sur tout le monde une autorité profonde. Laca aime Jenůfa mais ce sentiment n’est pas partagé. D’autant qu’elle a cédé aux avances de son cousin Števa, dont elle est enceinte et dont elle redoute qu’il l’abandonne. Laca, désespéré, défigure Jenůfa d’un coup de couteau. L’enfant va bientôt naître et Kostelnička, pour que la honte ne recouvre pas le clan, cache Jenůfa et envisage de tuer le bébé. Elle essaie néanmoins de convaincre l’ivrogne et inconstant Števa d’épouser Jenůfa pour tout « arranger », mais il refuse car il va se marier avec une autre. Kostelnička apprend la vérité sur l’enfant à Laca avant d’aller le noyer. Hantée par son crime, elle convainc une Jenůfa détruite d’épouser Laca. Lors du mariage, un paysan accourt pour dire qu’on a retrouvé le corps d’un bébé. Jenůfa le reconnaît et accuse Števa, chassé par sa fiancée. Mais alors qu’on va s’emparer de Jenůfa pour la juger, Kostelnička, n’y tenant plus, avoue son crime et est pardonnée par sa belle fille, qui se tourne alors vers Laca en lui promettant de l’aimer.

Voici ces dernières minutes, lorsque la belle-mère, ici chantée par la grande Anja Silja, avoue, jusqu’au splendide finale, musicalement très émouvant.

Cédric MANUEL



Publicité

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *