21 février 1920 : non, Darius Milhaud n’a pas fumé la moquette au Brésil
Instant classique – 21 février 1920… 98 ans jour pour jour. Après son séjour auprès de Paul Claudel à la Légation de France à Rio (qui n’était pas encore l’ambassade), Darius Milhaud était revenu en France avec, dans la tête, l’immensité et la richesse de la musique populaire brésilienne. Cette extraordinaire exubérance, qui déborde de tous côtés et empêche de rester sage sur son siège tant le rythme emporte tout.
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C’est précisément le fameux carnaval de Rio que Darius Milhaud cherche donc à honorer dans son Bœuf sur le toit, fantaisie au nom étrange, qui fait référence à une rengaine locale (avant de devenir un cabaret à la mode à Paris).
Enthousiasmé, Jean Cocteau en fait aussitôt un ballet totalement déjanté avec toutes sortes de personnages. La création, au théâtre des Champs-Élysées, sur le spectacle de Cocteau et les décors de Raoul Dufy, suscite comme souvent avec Milhaud des réactions très opposées les unes aux autres. Mas não faz mal : c’est un chef-d’œuvre de joie, de danse et de vie.
« Le public et les critiques décidèrent que j’étais un musicien cocasse et forain… moi qui avais le comique en horreur et n’avais aspiré, en composant Le Bœuf sur le toit, qu’à faire un divertissement gai, sans prétention, en souvenir des rythmes brésiliens qui m’avaient tant séduit et, grands dieux, jamais fait rire ! », écrit Milhaud dans Ma vie heureuse.
N’empêche qu’il vouait cette musique à illustrer un film de Charles Chaplin….
Voici ce bijou, ce voyage éclair au cœur du Brésil, dirigé dans les lieux même de sa création par un Leonard Bernstein dansant sur son podium avec le national de France. Irrésistible. Un régal. Essayez et vous verrez que vous ne tiendrez pas en place (à écouter avec le son à fond !) !
À chaque jour son instant classique : anecdotes, découvertes et… musique !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »
Photographie de Une – Bœuf sur le toit d’un établissement commercial (crédits : Daniel Yvetot)