21 février 1909 : le mystérieux conte de fées d’Anatole Liadov
Instant classique – 21 février 1909… 110 années jour pour jour. Anatole Liadov (1855-1914) a toujours baigné dans la musique, son père ayant été chef d’orchestre. Il avait de tels dons que, reçu au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, il s’y rendait peu puisqu’il n’ y apprenait rien qu’il ne sût déjà, ce qui provoqua son renvoi, puis sa réintégration.
Il y devint professeur lui-même — c’est l’un des maîtres de Prokofiev — et l’un des plus respectés.
Peu adepte des grandes compositions, il s’est plutôt attaché à composer des pièces courtes, comme pour ne pas faire d’ombre à ses grands contemporains comme Rimsky-Korsakov. Mais ses œuvres sont pourtant extrêmement intéressantes et attachantes. Ainsi, ce Lac enchanté, inspiré par un lac où il aimait aller dans une forêt.
Créé le 21 février 1909 à Saint-Pétersbourg sous la direction de Nicolas Tcherepnine, auquel la partition est dédiée, ce poème symphonique qui dure quelques minutes est sous-titré « Scène de conte de fées ». Et de fait, on y est pour ainsi dire plongés grâce à une musique très mystérieuse, symboliste, avec un emploi particulièrement raffiné des cordes pour figurer l’eau, de la flûte et de la harpe pour les étoiles, et avec quelques figures aux bois et aux cors (il n’y a ni trompettes, ni trombones) pour faire apparaître et disparaître des personnages furtifs.
On pourrait entendre du Debussy, il n’y a qu’à se laisser porter. Anatole Liadov avait quelques raisons de considérer cette petite pièce d’à peine sept minutes comme l’une de ses meilleures réalisations, ici par l’orchestre symphonique d’URSS sous la direction — pour cette fois très apaisée — d’Evgeny Svetlanov.