21 avril 1919 : trois Bartók font tout le prix d’un seul
Instant classique – 21 avril 1919… 102 ans jour pour jour. En ce jour d’avril, Bartók présente une série de pièces pour piano seul au public. Sa suite est très complexe, très rugueuse, qui s’achève donc avec ce finale lent et hypnotique. Témoignage inestimable : nous en avons un enregistrement par le compositeur lui-même. La preuve en musique !
À Budapest, Béla Bartók présente une série de pièces pour piano seul au public. D’abord ses deux élégies, composées en 1908 et 1909, mais que le compositeur n’aime guère (il y voit une réminiscence de « l’enflure romantique »), puis la suite (opus 14) et enfin trois études, œuvre la plus récemment achevée, la plus âpre.
C’est cependant la suite que j’ai choisie, pour deux raisons. D’abord parce que je l’aime beaucoup (oui, c’est subjectif, mais c’est moi qui décide, voilà). Elle a été composée à Rákoskeresztur (à vos souhaits), quartier de l’est de Budapest, en février 1916, au moment où Bartók compose le Prince de bois. Il s’agit d’une suite de quatre pièces très courtes, avec un mouvement lent conclusif.
On reconnaît bien dans cette œuvre ramassée les orientations artistiques de Bartók, et d’abord l’influence du folklore, ici tout à fait imaginaire dans le premier mouvement notamment. Le tout est d’une technique très complexe, très rugueuse, qui s’achève donc avec ce finale lent et hypnotique.
La seconde raison pour laquelle j’ai choisi cette suite est que j’ai trouvé un enregistrement par Bartók lui-même, témoignage inestimable et relativement audible de son art interprétatif de ses propres œuvres. C’est d’ailleurs lui qui a créé ces partitions voici tout juste cent un ans. Dix ans plus tard, en 1929, il enregistre cette suite. Lorsqu’on compare avec d’autres éminents pianistes, on voit qu’il est plus rapide que la plupart, avec moins de huit minutes contre autour de neuf pour les autres.
Voici ce document fascinant, qui craquouille un peu, mais ne boudons pas notre plaisir.