21 août 1844 : Chopin, le poète
Instant classique – 21 août 1844… 176 ans jour pour jour. Certes, on pourrait donner ce qualificatif au grand pianiste-compositeur pour quasiment toute son œuvre. Mais comment résister à l’extrême beauté des deux nocturnes qui paraissent voici tout juste cent soixante-seize ans pour la première fois à Paris, chez Schlesinger, sous l’opus 55 (n°1 et 2) ?
Frédéric Chopin les a composés, semble-t-il (il y a très rarement les dates exactes de composition sur les partitions…), en 1843, mais on peut aussi penser que le premier est plus ancien.
Ce premier nocturne est sans doute le plus célèbre et le plus « démonstratif » si l’on s’en tient au cœur. Je ne suis donc pas du tout d’accord avec l’immense spécialiste du piano qu’est Guy Sacre, qui écrit que le premier de ces deux nocturnes respire moins l’angoisse que l’ennui. Moi, je me mets à genoux devant lui. Le second, plus gai et plus virtuose, plus lumineux disons, est lui aussi immédiatement séduisant. C’est pourquoi je vous offre les deux par Maurizio Pollini, dont j’aime la délicate interprétation.
Chopin a dédié ces pièces à Jane Stirling, aristocrate écossaise qui fut l’élève de Chopin dès 1842, mais qui lui sera beaucoup plus proche dans les dernières années de sa vie, en particulier après la rupture avec George Sand. Jane Stirling s’appliquera surtout à veiller au bien être matériel de Chopin et l’entourera de mille prévenances (d’aucuns diront qu’elle le vampirisera), mais l’entraînera aussi en 1848 dans un voyage en Angleterre dont on peut dire qu’il précipitera sa fin déjà certaine.
Mais c’est une autre histoire…
Pour l’heure, j’espère que vous vous délecterez de ces deux petites pièces sublimes.