20 août 1828 : pour Rossini, le comte est bon
Instant classique – 20 août 1828… 190 années jour pour jour. Quelques mois après le triomphe parisien d’une nouvelle mouture de son vieux Moïse, Gioachino Rossini se lance dans un opéra comique pour la salle Le Peletier, qui sera hélas le dernier du genre pour le compositeur.
Le librettiste à la chaîne Eugène Scribe, aidé de son acolyte Delestre-Poirson, recycle pour le livret une de leurs pièces de théâtre tirée d’une chanson friponne picarde : elle raconte l’histoire d’un certain comte Ory qui se déguise en religieuse pour pénétrer dans un couvent et y séduire les nonnes ainsi que toute personne de sexe féminin qui passe par là
Recyclage pour recyclage, Gioachino Rossini n’est pas en reste et réutilise la quasi-totalité de sa partition du Voyage à Reims, créé trois ans plus tôt et que tout le monde a oubliée. Tant et si bien que le public fait un triomphe au Comte Ory lors de sa création, avec Adolphe Nourrit dans le rôle titre. L’œuvre, pourtant, après des décennies de succès, disparaîtra presque complètement des affiches, avant d’y revenir durablement ces dernières années.
La mise en scène de Bartlett Sher au Metropolitan Opera de New York en 2011, ne manque ni de couleur ni de mouvements (ni de moments assez hardis) ; cette production bénéficiait d’un casting de rêve, entièrement réuni dans cette scène finale du premier acte de cette potacherie à la musique irrésistible (et presque totalement empruntée au Voyage à Reims elle aussi) : Damrau, Florez, Pertusi, Degout, DiDonato…. Un petit coup de fouet à l’orchestre dirigé par Maurizio Benini n’aurait sans doute pas fait de mal et la diction française aurait pu être meilleure, mais ne boudons pas notre plaisir, tout juste 190 ans après la première représentation de ce petit bijou.