2 septembre 1936 : Zoltán Kodály au château
Instant classique – 2 septembre 1936… 82 années jour pour jour. En 1936, la Hongrie penche (déjà) dangereusement. Miklós Horthy, amiral d’une marine sans flotte et régent d’un royaume sans roi, se rapproche peu à peu de son voisin nazi, espérant retrouver les territoires perdus après le traité de Trianon, texte que le régime ultra-nationaliste du régent vomit littéralement.
À la fois pour se donner du courage, mais aussi un peu copier les habitudes grandiloquentes de ses alter ego fascistes, le régime organise cette année là d’énormes célébrations en mémoire du 250e anniversaire de la libération par les troupes impériales emmenées par Charles V de Lorraine, du château de Buda, occupé par les Turcs.
On commande alors à l’un des plus célèbres compositeurs hongrois du moment, Zoltán Kodály (ou plutôt Kodály Zoltán, comme on dit là-bas), une œuvre digne de l’événement. Kodály compose un Te Deum, petit frère du fameux Psalmus hungaricus de 1923, qui avait valu à son auteur un grand succès, malgré une tonalité assez sombre.
Rien de tel avec ce Te Deum du château de Buda, œuvre majestueuse et même joyeuse, qui exalte la victoire non sans grandiloquence, mais sans lourdeur et avec un matériau très concentré, qui regarde vers les grandes œuvres religieuses baroques sans les singer.
Héroïque et très cuivrée, l’œuvre s’éteint dans une grande sérénité, célébrant l’amour et la paix. Écrit en quelques semaines, le Te Deum est créé en grandes pompes dans l’église Matthias, au cœur du quartier du château de Buda, il y a tout juste 82 ans. La voici dans un enregistrement de la radio hongroise, sous la direction de János Ferencsik (pardon, Ferencsik János !), grand chef hongrois.
À chaque jour son instant classique !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »
