2 janvier 1908 : chaleur andalouse
Instant classique – 2 janvier 1908… 112 ans jour pour jour. J’ai déjà présenté Iberia d’Isaac Albéniz, cette série de douze impressions composées en quatre cahiers entre 1905 et 1908. C’est le grand chef d’œuvre de son auteur, un sommet du répertoire pianistique.
Le troisième cahier a été créé il y a tout juste cent douze ans et il est le plus complexe, le plus audacieux. On sait pourtant dès les premières mesures où nous sommes ! Ce n’est pas un folklore juste transposé, c’est une internalisation de ses rythmes, de ses chants et de ses caractéristiques harmoniques pour sa réinvention.
Trois pièces composent ce cahier : el Albaicin, allegro assai ma melancolico, nous plonge dans la nuit grenadine (l’Albaicin est un quartier de la ville). Debussy dira de ce morceau : « C’est comme les sons assourdis d’une guitare qui se plaint dans la nuit, avec de nerveux soubresauts. » La seconde pièce, el polo, fait référence à un chant et à une danse, dont le compositeur, qui le marque lui aussi “Allegro melancolico”, ajoute « doux, en sanglotant, toujours dans l’esprit du sanglot ». La dernière pièce quitte l’Andalousie pour revenir à Madrid, pour rendre hommage aux danses d’un quartier madrilène, Lavapiés. Redoutable pour le pianiste !
Mais de tout ceci, la grande pianiste espagnole Alicia de Larrocha n’en fait qu’une bouchée gourmande. Elle était la grande (et insurpassée) spécialiste amoureuse de ce répertoire si typé et si envoûtant.