2 décembre 1877 : l’orgie musicale de Saint-Saëns
Instant classique – 2 décembre 1877… 142 ans jour pour jour. Au départ, Camille Saint-Saëns pensait faire un oratorio, puis imagina plutôt un opéra, mais il eut le plus grand mal à en faire accepter le livret aux théâtres et les premiers extraits qu’il fit écouter à des proches ne furent guère concluants.
C’est Liszt qui promit à son confrère français de créer l’œuvre chez lui, à Weimar. Neuf ans après le début de cette longue et difficile gestation, le 2 décembre 1877, Samson et Dalila fut enfin créé comme promis, à Weimar… mais en allemand (ce qui, sept ans après la terrible guerre franco-prussienne, n’était pas anodin…).
Il fallut attendre encore treize ans avant que ce chef-d’œuvre, au croisement de nombreuses influences et aux beautés mélodiques entêtantes, soit présenté en France (à Rouen d’abord, puis à l’opéra de Paris en 1892).
Insérée à l’acte III (le dernier), cette bacchanale allait bientôt faire le tour du monde. Ce n’est pas le moment le plus remarquable de la partition, mais il est très efficace et lui aussi prend sa source dans diverses influences, y compris après le séjour de Saint-Saëns à Alger, qui lui a inspiré quelques thèmes « orientaux ».
Tout le monde fait la fête en se moquant de Samson, rendu aveugle et privé de ses cheveux, donc de sa force, par la vilaine Dalila qui a charmé et endormi la méfiance du géant chef des Hébreux. Mais les Philistins auront bientôt fini de rire : juste après l’orgie, Samson se fait conduire au beau milieu du temple de Dagon où tous se trouvent, implore une dernière fois le dieu d’Israël pour qu’il lui rendre un instant seulement sa puissance surhumaine et fait écrouler sur tous le gigantesque bâtiment.