19 octobre 1928 : essai transformé
Instant classique – 19 octobre 1928… 92 ans jour pour jour. Arthur Honegger compose un mouvement symphonique en l’honneur du rugby : une œuvre tout à fait originale, très dynamique, mais pas si simple à suivre. Un petit morceau pour orchestre mérite largement le détour.
Quatre ans après son coup de maître en forme de locomotive (Pacific 231), Arthur Honegger se lance dans la composition d’un nouveau « mouvement symphonique » qui a la particularité de ne compter aucune percussion. Il hésite entre « Football » et « Rugby », et c’est ce dernier qui l’emporte.
Alors peut-être chercherez-vous les différents mouvements caractéristiques de ce jeu bien plus intéressant que le football (qui a dit que je n’étais pas objectif ?), mais attention : « Il serait faux de considérer mon morceau comme de la musique à programme. Il cherche tout simplement à exprimer, dans ma langue de musicien, les attaques et les ripostes du jeu, le rythme et la couleur d’un match au stade de Colombes » (temple du rugby dans les années 1920-1930). Ce n’est donc pas une musique ovale qui vous renvoie dans vos vingt-deux.
Œuvre tout à fait originale, très dynamique, pas si simple à suivre, Rugby ne dure pas assez longtemps pour qu’on s’en lasse, un peu comme un match de rugby en somme, et ce petit morceau pour orchestre mérite largement le détour.
Cette partition a néanmoins une circonstance, même si elle n’est pas une œuvre à programme : elle a été créée pour la création de l’orchestre symphonique de Paris, nouvelle formation qui durera jusqu’en 1938 et dont les mécènes étaient la princesse de Polignac et… Gabrielle Chasnel, plus connue sous le nom de Coco Chanel bien sûr. L’orchestre avait une devise assez simple : « On peut vivre sans musique, mais pas si bien. » Hélas, voici bien une grossière erreur, car chacun sait qu’on ne peut pas vivre sans musique…
Pierre Monteux en sera le principal directeur musical, mais c’est Ernest Ansermet qui dirigera la première de Rugby voici quatre-vingt-douze ans. Quelques décennies plus tard, Michel Plasson reprend le flambeau avec l’orchestre de chambre de la radiodiffusion-télévision française…