19 octobre 1845 : Wagner, de « Venusberg » à « Tannhäuser »
Instant classique – 19 octobre 1845… 173 années jour pour jour. Mal accueilli à Paris pour son Vaisseau fantôme, Richard Wagner revient en Allemagne en 1842 avec une nouvelle idée, après la lecture d’un livre sur la légende du Venusberg, dont Heine avait tiré un Der Tannhäuser.
Richard Wagner s’en inspire beaucoup même s’il conçoit comme d’habitude son propre poème pour le livret. La composition débute à l’été 1843, avec d’abord pour titre « Le Venusberg », avant de prendre son appellation définitive rapidement, comme Wagner l’écrit très tôt à Robert Schumann. Au printemps 1845, la partition est achevée.
Pour éviter une nouvelle déconvenue pour la création à l’opéra de Dresde, il y a tout juste 173 ans, Wagner s’entoure de chanteurs phares. Mais le public est décontenancé et l’échec, irrémédiable. Le compositeur en est très affligé et pensera longtemps qu’il lui faut modifier son œuvre. Il le fera durant toute sa vie, sa femme Cosima écrivant même quelques semaines avant la mort de Wagner : « Il dit qu’il n’a pas encore donné au monde le Tannhäuser qu’il lui doit ».
Une grande occasion se présente à lui en 1861, à l’opéra de Paris, pour lequel il compose un ballet qui suit immédiatement l’ouverture (la bacchanale). Mais une cabale ruine ses efforts malgré pas moins de cent soixante-quatre répétitions; le scandale est retentissant, malgré un article resté célèbre de Baudelaire pour le défendre.
L’œuvre, pas si simple à monter, n’est pas la plus représentée de Wagner, mais elle contient des joyaux, dont la fameuse romance de l’étoile, ici interprétée par Dietrich Fischer-Dieskau lors des représentations légendaires de 1954 à Bayreuth.
Romance sublime qui dit en substance :
« Prémonition funèbre, le crépuscule couvre la lande,
enveloppant le val de sa cape de cendre,
et l’âme qui voudrait s’élancer vers les cieux
tremble d’ouvrir les ailes en cette nuit lugubre.
Mais tu parais alors, ô toi la plus charmante des étoiles,
tu nous envoies, de loin, le réconfort de ta lumière,
ton cher rayon perce le crépuscule et ses ténèbres
et tu nous montres, amie, où sortir du vallon.
Ô douce étoile du berger,
toi que j’aimai saluer,
du fond d’un coeur qu’elle n’a pas trahi,
salue, si elle passe près de toi,
celle qui va quitter les terres de ce val
pour devenir au ciel un ange bienheureux. »
À chaque jour son instant classique !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »