19 mars 1896 : le dernier concerto pour violoncelle « made in USA » de Dvořák
Instant classique – 19 mars 1896… 123 ans jour pour jour. Durant l’hiver 1894-1895, Antonín Dvořák compose l’une de ses œuvres les plus fameuses et les plus populaires, son concerto pour violoncelle — qui n’est pas le premier puisqu’il existe les esquisses d’un autre, trente ans auparavant, qu’il n’avait pas orchestré.
Le compositeur est aux États-Unis depuis presque trois ans et il a un profond mal du pays. Ce concerto est sa dernière œuvre américaine avant son retour en Europe. Mais juste avant de le terminer, un nouveau coup du sort (il n’a guère été épargné dans sa vie) vient lui faire changer ses plans pour le dernier mouvement. Sa belle-sœur, Joséphine Kounicova, qu’il avait aimée secrètement, meurt subitement. Dvořák, très affecté, change alors le finale, dans lequel il intègre une citation d’un de ses Quatre chants intitulé « Puisse mon âme », juste avant l’éclatante coda finale.
Le dédicataire, le violoncelliste Hanuš Wihan, devait en être également le créateur. Mais les deux hommes se brouillent juste avant et Dvořák refuse d’utiliser la cadence proposée par son ami. Du coup, c’est Leo Stern qui crée le concerto à Londres, sous la direction du compositeur.
C’est ce merveilleux troisième et dernier mouvement — sans doute le plus célèbre — que j’ai choisi, non pas dans une interprétation (on les compte par dizaines !) captée dans le confort du studio, mais sur le vif, par une jeune violoncelliste fabuleuse, épouse de Daniel Barenboim, et qu’une terrible maladie allait bientôt empêcher de jouer avant de l’emporter à quarante-deux ans.
Jacqueline du Pré interprète ici le concerto avec Sergiù Celibidache en 1967 (elle a 22 ans), qui lui impose des tempi très ralenti, mais qui mettent en relief le son si particulier de son violoncelle. Ce n’est pas le plus pur, mais c’est passionnant.