19 décembre 1865 : Rimsky-Korsakov, auteur de la première symphonie russe ?
Peu expérimenté, Rimsky-Korsakov compose une symphonie, largement corrigée par Balakirev ; ce dernier décrète qu’il s’agit de la première symphonie authentiquement russe. C’est le début d’une longue carrière pour le jeune Nikolaï, dont le génie mélodique est déjà palpable…
Nikolaï Rimsky-Korsakov a entre dix-huit et vingt-et-un ans lorsqu’il compose sa première symphonie, sous l’égide – un brin étouffante – de Balakirev, qui l’a pris sous son aile pour lui enseigner les rudiments de l’orchestration sans que le jeune homme, qui n’avait pris que des cours particuliers de piano, passe entre les mains d’un conservatoire.
Mily Balakirev prétend que le conservatoire de Saint-Petersbourg est un lieu vendu aux musiques occidentales. Rimsky-Korsakov, très impressionné par son maître – lequel ne manque nullement de savoir-faire – met au point la symphonie pendant son long service en tant que marin dans la marine impériale à partir de 1862, lui qui n’a pris que des leçons particulières de piano pour débuter sa formation musicale.
Une fois achevée, et largement corrigée par Balakirev, ce dernier décrète qu’il s’agit de la première symphonie authentiquement russe, malgré les œuvres déjà publiées de Rubinstein. Tchaïkovsky n’a pas encore commencé ses propres symphonies, mais de toute façon, aux yeux de Balakirev, il fait partie des « vendus ». C’est ainsi que Rimsky-Korsakov entre, à peine formé, dans le fameux Groupe des Cinq (Balakirev, Moussorgski, Rimsky-Korsakov, Cui et Borodine), régenté par Balakirev et Cui.
Rimsky en tire le meilleur et, à la suite de Balakirev, voire grâce à son enseignement, c’est lui qui devient vite le plus grand maître de l’orchestration parmi les compositeurs russes, au point que c’est le conservatoire impérial qui lui demandera d’enseigner. Paradoxe qui pousse Rimsky-Korsakov à chercher à parfaire sa propre formation auprès de… Tchaïkovsky.
La première symphonie est en effet garnie de thèmes très « russes », notamment le premier mouvement et le scherzo. Le second mouvement, andante tranquille, est tiré d’un chant traditionnel, le Dit de l’oppression tartare. Le compositeur, un peu plus expérimenté, reprend un peu son œuvre en 1884, mais pas trop. On y entend déjà beaucoup, non seulement l’orchestrateur, mais aussi le génie mélodique qu’il ne cessera d’être.
Voici la version intégrale de l’œuvre (c’est une symphonie assez brève) par les excellents musiciens de Göteborg, avec le non moins excellent Neeme Järvi.