18 avril 1909 : le dernier voyage de Rachmaninov
Instant classique – 18 avril 1909… 109 années jour pour jour. Sergueï Rachmaninov était un homme plein de doutes et d’anxiété, d’incertitudes et de fragilités. C’était un homme vrai, en somme.
Un jour de 1908, lorsqu’il traverse cependant une période très heureuse et apaisée de sa vie, il tombe sur le tableau symboliste d’Arnold Böcklin, réalisé 20 ans plus tôt, représentant l’arrivée, dans une impressionnante crique rocheuse qui enserre quelques nobles cyprès et abrite plusieurs tombeaux creusés à même la pierre, d’une barque catafalque. C’est l’île des morts, le passage du Styx.
Le compositeur éprouve un véritable coup de foudre pour cette œuvre, qui lui inspire dans les premiers mois de 1909 une pièce maîtresse de sa production symphonique, qui reprend le même titre d’Ile des Morts et qui est créée le 18 avril 1909 (dans le calendrier julien alors en vigueur en Russie, mais tant pis, je vous en parle aujourd’hui, question d’atmosphère, sans doute !), à Moscou.
Le poème symphonique commence sur un rythme évoquant le lente progression de la barque, avant que ne s’installe une atmosphère très lugubre d’où émerge le « Dies Irae », véritable leitmotiv dans l’œuvre de Rachmaninov. Une éclaircie rappelle les moments heureux avant que, impitoyablement, le « Dies Irae » ramène à la réalité et au lent rythme chaloupé de la barque de Charon, dans le calme finalement apaisé de la mort.
À chaque jour son instant classique !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »
Photographie de Une – L’Île des morts, du peintre Arnold Böcklin (1883)