17 juillet 1927 : gag de poche
17 juillet 1927… 94 ans jour pour jour – Paul Hindemith compose un opéra de poche d’à peine 12 minutes : une œuvre assez déjantée, tant pour ce qui concerne l’histoire que la partition.
« Aller et retour », voici comment on traduit en français le titre de l’opéra de poche, Hin une zurück », ce « sketch mit musik de Paul Hindemith. Il dure à peine douze minutes et a été écrit par le compositeur pour le festival de Baden-Baden, avec d’autres opéras de poche, dont un de Darius Milhaud dont on parlera une autre fois.
Le livret de Marcellus Schiffer, un auteur bien connu à l’époque dans les cabarets berlinois, est assez déjanté : Robert surprend sa femme Hélène qui lit une lettre de son amant, le matin de son anniversaire. Il la tue d’un coup de révolver, mais regrette immédiatement son geste (oui, Robert est complètement idiot). Il cherche conseil auprès du médecin et de l’infirmier qui arrivent peu après (mais pas la police, bizarrement) et qui ne peuvent rien pour lui. Alors, Robert se jette par la fenêtre. À ce moment-là, un sage venu de nulle part proclame le jugement du Ciel : comme Dieu doit avoir un petit coup dans le nez (on le comprend, avoir à supporter de très loin des humains aussi crétins, ça vous flinguerait, si j’ose dire, un moral d’acier), il a donc décidé que la naissance, la mort, la vie, tout ça, n’a pas forcément d’ordre établi et qu’on peut s’amuser à tout mélanger, ce qui est bien pratique pour réparer les gros drames. Ni une, ni deux, il rembobine le film : Hélène se réveille le jour de son anniversaire, s’installe à une table où se trouve sa tante Emma, qui est sourde… et voilà que Robert lui offre gentiment son cadeau. Happy end !
Si l’histoire est déjantée, la partition ne l’est pas moins ! Elle obéit à la même logique : on rembobine l’histoire, eh bien c’est pareil avec la musique : Hindemith reprend les formes du « Hin », les inverse et obtient le « Zurück ».
L’orchestre ne contient que des vents et un piano à quatre mains, on a vraiment l’impression de se trouver dans un cabaret. C’est le chef Ernst Mehlich qui crée cette partition à la Stadthalle de Baden-Baden voici quatre-vingt-quatorze ans. Elle sera souvent reprise à l’étranger dans les années 1920 et 1930 avant de disparaître quelque peu. Sa création française attendra 1982.