17 juillet 1858 : injustice est faite à Saint-Saëns
Instant classique – 17 juillet 1858… 161 ans jour pour jour. Il est de bon ton, dans les ouvrages autorisés sur la musique — et en particulier les plus sérieux d’entre eux — d’éreinter en deux temps et trois mouvements le premier concerto pour piano de Camille Saint-Saëns, écrit alors qu’il avait vingt-trois ans et dédié à la pianiste prodige et future compositrice Marie Jaëll, qui avait alors… douze ans !
Les commentaires les plus aimables sur ce concerto le trouvent « convenu », « sans idées » (voir le récemment disparu et regretté François-René Tranchefort dans son fameux Guide de la musique symphonique). Les plus durs viennent d’admirateurs sincères d’autres pans de l’œuvre de Saint-Saëns, notamment Alfred Cortot, qui l’a beaucoup joué, et qui a dit de ce concerto : Saint-Saëns « y sacrifie volontiers aux lieux communs pianistiques et aux formes techniques usagées ».
C’est injuste car cette œuvre d’un jeune compositeur est digne non seulement d’être écoutée, mais de l’être bien. Impossible de ne pas y entendre des nuances, des audaces, des atmosphères (superbe mouvement lent central) qui ne dépareraient pas dans d’autres concertos autrement plus joués dans les salles de concert !
Eh bien, puisque c’est comme ça et que c’est aujourd’hui le cent-soixante-et-unième anniversaire de ce concerto bien oublié, le voici en entier, sous les doigts (vraisemblablement) d’une autre grande spécialiste de Saint-Saëns, Jeanne-Marie Darré, avec l’orchestre de la radiodiffusion française, à la fin des années cinquante.