17 février 1889 : le père du renouveau de la symphonie française est Belge
Instant classique – 17 février 1889… 130 années jour pour jour. On a un peu oublié aujourd’hui l’importance et l’influence de César Franck, né à Liège, sur la musique dite française de la charnière entre les XIX et XXe siècles.
Grand maître de l’orgue, dont il fut l’un des plus grands virtuoses de l’histoire de la musique (il était notamment titulaire de l’orgue de l’église Sainte-Clotilde à Paris), il fut aussi un compositeur des plus remarquables dont l’influence restera grande ensuite sur toute une génération de compositeurs français dont il fut le professeur : Duparc, d’Indy, Ropartz, Pierné, Chausson, etc., et sur d’autres comme Dukas ou Magnard.
Entre l’automne 1887 et l’été 1888, César Franck, qui a alors 65 ans, compose sa seule symphonie, testamentaire, dans laquelle certains ont voulu voir une transcription orchestrale des sentiments religieux du compositeur (Franck était en effet un croyant fervent qui écrivit énormément de musique religieuse). La symphonie, dédiée à son élève Henri Duparc, est créée aux Concerts du Conservatoire à Paris sous la direction de Jules Garcin.
Voici tout juste cent trente ans, elle est fort mal accueillie, surtout par la critique, qui la juge trop grasse, indigeste en somme. Cette mauvaise fortune ne durera pas, puisque l’œuvre a depuis largement pris sa revanche. Présentée en trois mouvements, qui doivent normalement s’enchaîner, elle en compte en réalité quatre : « C’est une symphonie classique… (Après le 1er mouvement) viennent un andante et un scherzo, liés l’un à l’autre. Je les avais voulus de telle sorte que chaque temps de l’andante égalant une mesure du scherzo, celui-ci pût, après développement couplé des deux morceaux, se superposer au premier. J’ai réussi mon problème », écrit Franck.
Voici donc un extrait, avec ce fameux andante-scherzo collé pour faire un allegretto, très calme et même doucement mélancolique au début, qui débouche sur le célèbre finale, synthèse des mouvements précédents, jusqu’à la glorieuse conclusion, ici interprétée par un Lorin Maazel des jeunes années à l’orchestre symphonique de la radio de Berlin, une époque où il pouvait être considéré comme l’un des chefs les plus prometteurs de son temps.