17 août 1946 : l’homme contre l’inhumain
Instant classique – 17 août 1946… 73 ans jour pour jour. Lorsqu’Arthur Honegger commence à composer ce qui sera sa troisième symphonie, il a une idée bien précise en tête et c’est d’ailleurs la seule de ses cinq symphonies qui aura un programme.
« J’ai voulu symboliser la réaction de l’homme moderne contre la marée de barbarie, de stupidité, de souffrance, de machinisme, de bureaucratie qui nous assiège… » Pour Honegger, la réponse à cette barbarie protéiforme — il commence à écrire à l’automne 1945 — se situe dans la spiritualité, d’où le surnom donné à l’œuvre : la « symphonie liturgique ».
Elle est divisée en trois mouvements « à programme » : un « Dies irae » violent et implacable, suivi d’un « De profundis clamavi », prière très douce mais qui débouche sur une véritable souffrance. Le mouvement final, marqué « Andante – Dona nobis pacem », sonne l’heure de la lutte contre les robots, lesquels avancent inexorablement jusqu’à la révolte humaine — point culminant du mouvement, avant un adagio plus serein, plus optimiste, destiné à montrer que l’amour finit par triompher : « ce que pourrait être la vie dans une fraternité et un amour réciproques », écrit Honegger.
La symphonie, la plus longue de son auteur, ne dure qu’une demi-heure mais ne se divise pas compte tenu de cette cohérence d’ensemble. Elle est créée à Zürich il y a soixante-treize ans, sous la direction de Charles Munch, dont on peut deviner combien il a dû en acérer les contours. Peut-être pas avec le même legato si cher à Karajan, lequel n’en a pas moins enregistré la version de référence avec Berlin, qu’on entend ici.
Soixante-treize ans, mais le message de la symphonie est-il vraiment si loin de nous ?